Sport-ivoire.ci entreprend une présentation individuelle des seize équipes participant à l’Euro 2008 conjointement organisée en Suisse et en Autriche. Deuxième épisode avec la Turquie, pensionnaire de la poule A avec la Suisse, la République Tchèque et le Portugal.
La Turquie aura attendu jusqu’au bout pour savoir si elle ferait partie des convives de l’Euro 2008. L’équipe de Fatih Terim a, en effet, éprouvé toutes les peines pour se qualifier pour le rendez- vous Suisso- Autrichien. Maintenant qu’elle participera aux épreuves de cette 13è édition du tournoi continental, elle s’échine à avoir un parcours honorable. Comme celui qu’elle avait réalisé au Mondial asiatique de 2002 avec une place de demi- finaliste.
La star : Nihat Kahveci
C’est sous le maillot de la Real Sociedad que l’Europe l’a découvert. Electron offensif libre de la formation espagnole, alors dirigée par le Français Raynald Denoueix, feu follet complémentaire du géant Kovacevic, Nihat a plu rapidement. Style tonique, tête renfrognée et moteur vasculaire, le Turc se faufile sur tout le front de l’attaque. L’ancien joueur du Besiktas Istanbul a fini deuxième meilleur buteur de la Liga en 2003 et inscrit au total une soixantaine de buts pour le club basque avant sa descente aux enfers. Il a ensuite rejoint Villareal gratuitement mais s’est gravement blessé au genou. Il n’a commencé à briller au sein du « Sous- marin jaune » que depuis le début de cette saison. Un retour en forme qui coïncide  avec son nouveau statut d’homme providentiel de la sélection turque.  Il avait déjà montré la voie à son pays, inscrivant le premier but des éliminatoires de l’Euro à domicile contre Malte. C’est lui, qui lors des deux dernières rencontres, a marqué en Norvège et devant la Bosnie pour qualifier son pays dont il est devenu la grande star. En sept ans, Nihat Kahveci a inscrit 23 buts en 49 sélections. Si Kahveci signifie vendeur de café en turc, Nihat doit être synonyme de perforation.
Le sélectionneur : Fatih Terim
A 54 ans, il est considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs du monde. Mais c’est d’abord en tant que joueur qu’il s‘est révélé. Défenseur central doué, il a échappé à sa condition modeste en devenant rapidement le capitaine du club de sa ville d’origine, l’Adana Demirspor. Repéré par Galatasaray, il entame avec le club stambouliote une longue histoire d’amour. Onze années de bons et loyaux services en club et en sélection, avant d’y revenir sur le banc, pour une série faste. Quatre titres de champion d’affilée (1997 à 2000), deux Coupes de Turquie (1999 et 2000) et une Coupe de l’UEFA (2000) aux dépens d’Arsenal. Après une aventure mitigée en Série A, il tente un retour à Galatasaray en 2002. Sans réussite. En 2005, il entreprend un autre défi en terre connue : la sélection turque, qu’il avait amené à l’Euro 96. Non sans remous, il parvient à guider les frères Altintop et l’inamovible Rüstü à l’Euro 2008. Surnommé l’Empereur pour sa capacité à motiver les joueurs, il utilise une tactique préférentielle, celle qu’il employa notamment au Milan AC, un 4-3-1-2 composé d’un meneur de jeu et d’arrières latéraux très offensifs.
Le passé européen : 2000
La géopolitique a dépoussiéré le débat. Turquie européenne ou asiatique ? Le football a tranché depuis l’après- guerre et ne lui conteste aucunement son appartenance à la zone Europe. Comme l’Israël  ou l’Arménie, la Turquie participe aux qualifications du Vieux Continent. Dès le premier Euro, en 1960, les Turcs atteignent les huitièmes de finale en match aller- retour. Un but les sépare de la Roumanie et des quarts de finale. 1996, retour de la Sublime Porte en phase finale. Zéro point, zéro but dans une poule composée du Portugal, de la Croatie et du Danemark. La sélection turque passe au travers. Pour mieux revenir dans des draps plus présentables. Et enfin atteindre les quarts de finale en 2000, grâce à un nul contre la Suède et une victoire sur la Belgique. La défaite aux portes du dernier carré contre le Portugal (2-0) ne brise pas l’élan turc. La génération Bülent, Okan, Hasan Sas, Emre et Hakan Sukur empochera la médaille de bronze du Mondial asiatique de 2002. Moins glorieux, les deux derniers accrocs en barrage de l’Euro et de la Coupe du monde.  Une farce lettonne et un pugilat à Istanbul contre une Suisse coupable de sa seule qualification. Comme on se retrouve…
 
Joachim Tiégna