Le titre attribué à Kanouté est venu troubler le landernaü du football africain au point de reléguer au second plan une compétition sportive de toute beauté. La gravité des faits ne doit pas cependant pousser à aller trop vite en besogne : il faut en toute chose savoir raison garder.
LE CLASSEMENT D’UN BALLON D’OR
Tout chauvinisme mis à part, le Malien mérite son titre autant que notre Drogba National. Il ne fait pas de doute bien sûr que Didier est meilleur footballeur que Frédéric mais il s’agit d’un prix décerné par un jury et selon des critères si le palmarès est déterminant : Coupe d’Espagne, meilleur buteur de la LIGA, Coupe UEFA et Super Coupe d’Europe, influence dans sa sélection nationale, il « n’y a pas photo ». Il faudrait attendre que le jury qui est souverain fasse son compte-rendu avant tout prise de position.
LA MENACE ADRESSEE A DROGBA
Toute l’argumentation développée par la presse part de là, avec tous les amalgames possibles et imaginables. Hayatou avait téléphoné à un membre éminent de la FIF : « Drogba est le lauréat, mais il faut qu’il soit là pour prendre son trophée, sinon… ». Puis c’est un membre de la CAF qui aurait fait part de la menace à un vice-président de la FIF. Ensuite, c’est maintenant un membre de la CAF qui aurait appelé Drogba sur son portable… il faut maintenant savoir quel membre de la CAF, ensuite si c’est bien Hayatou qui l’a mandaté, si c’est bien ce qu’il a dit, bref tout est difficile à vérifier, et à prouver, à moins, là encore, que ceux qui ont participé au jury ne viennent le reconnaître.
Si c’est vrai, c’est grave ! Mais si ce n’est pas prouvé, ça aussi c’est grave, et même très grave parce que tout serait parti alors d’un fait non avéré…
LES REACTIONS
Didier Drogba notre héros national a décidé de se retirer de tout choix opéré par la CAF. C’est bien dommage car la Côte d’Ivoire et son capitaine auraient engrangé sans nul doute bien des titres honorifiques susceptibles de rehausser davantage le prestige de notre pays et de son football.
On peut retenir qu’il le fait au moment où un classement ne lui est pas favorable. Mais ce n’est qu’un classement parmi tant d’autres. Canavaro méritait-il le ballon d’or ? Ou même Ricardo Kaka ? Est-ce que Buffon, Messi ou Ronaldo ont pour autant décidé de se retirer, ou de pointer du doigt l’institution ? Au classement FIFA, la Côte d’Ivoire n’est pas 4ème, 5ème, 7ème derrière le Cameroun, Nigeria, Egypte, Mali ou Guinée ? La FIF ne s’en est jamais plaint. Il faut espérer que le goleador des Ivoiriens revienne sur cette décision grave pour retrouver l’humilité qu’on lui connaît et pour le bonheur de ses fans inconditionnels dont nous sommes.
Il faut qu’il se concentre sur sa ½ finale, rester le Drogba magnifique dans son arène sportive, éviter d’être utilisé comme une arme dans une « guerre » qui n’est pas seulement sportive.
L’EQUIPE et FRANCE FOOTBALL
Ils peuvent stigmatiser l’organisation des AWARDS : ils ont bien raison sur ce plan car c’est bien là la grosse erreur d’Hayatou. Mais tout le monde savait à l’avance que la cérémonie avait lieu à Lomé. Personne n’a rien dit, on a attendu que « ça foire », ce qui était prévisible pour brandir ce grief contre la CAF et son président. Pour en revenir au quotidien et à l’hebdomadaire sportif, ils sont bien mal placés pour critiquer un classement : Canavaro en 2006, n’a pas vraiment fait l’unanimité et il y en a eu bien d’autres.
LA PRESSE SPORTIVE EN CÔTE D’IVOIRE
C’est l’unanimisme absolu : c’est à qui va en dire le plus, et le plus fort possible contre l’institution africaine. Le métier veut pourtant qu’on prenne du recul, qu’on fasse preuve de retenue, d’un minimum de réserve et de discernement par rapport à des faits d’une extrême gravité, mais qui ne sont pas avérés. Il faut savoir attendre un peu, ne pas présenter une information univoque.Si c’est vrai on va voir ce qu’on va voir. Mais tant que ce n’est pas prouvé, on doit attendre un peu.
LES OBJECTIFS DE CETTE CAMPAGNE
L’objectif est visiblement (trop visible) de déstabiliser un président de la CAF qui a commis beaucoup d’erreurs avant que l’on ne s’en aperçoive que c’est voulu ! Mais il ne ferait jamais l’erreur de monter une « combine » avec ou contre les Ivoiriens en sachant qui est son rival potentiel…C’est un objectif difficile à atteindre au moment où Issa Hayatou a été nommé par Blatter, son ancien rival, président du Comité d’Organisation de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud.L’autre objectif est que maintenant, les Ivoiriens sont certes en rangs serrés autour de leur capitaine, mais ils ne manqueront pas de dire en cas de défaite que c’est la faute à la CAF et Hayatu.Le dernier objectif qui n’est peut-être pas voulu celui-là, est que les hommes de Gili ne peuvent qu’être déconcentrés dans leur préparation et qu’ils ne manqueront pas d’avoir des craintes par rapport à la gestion de leur demi-finale. Attention à l’exclusion dans une rencontre aussi difficile, ils n’avaient pas besoin de ça… C’est ça qu’on voulait ?
 
Aimé Brière De L’IslesConsultant Sportif