Randoald Dessarzin a annoncé à la fin dernier match sa demission de l'encadrement technique à ses joueurs pour raisons personnelles; nous l'avons rencontré pour en savoir davantage et faire un mini bilan de son travail à la tête de cette sélection prometteuse.
 
Vous annoncez votre départ après une belle victoire, c’est quoi la raison ?<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />
Il y a eu des choses dans le courant de cette préparation et en amont qui ont fait que je n’ai pas eu toutes les cartes en main ; c’est une décision dure à prendre… La préparation a été bien conçue sur le papier mais s’est avérée après chaotique sur le terrain à un tournant très important qui faisait partie de notre montée en puissance. On a 3 semaines sans aucun match après celui contre l’Espagne où on a plutôt laissé bonne impression…
Mais au tournoi de Villeurbanne on ne vous reconnait pas ?
Parce que c’est  difficile de jouer la France, l’Australie, le Brésil qui font partie de ce qu’il y a de meilleur au monde actuellement Alors qu’on n’a pas un match de référence depuis 3 semaines.
Qu’est ce qui est chaotique, qu’est ce qui s’est passé exactement pour que ce soit chaotique ?
Dans une préparation si moi, noir sur blanc, on me dit qu’on a deux matchs contre la Tunisie et il n y a rien, ça change complètement la manière d’appréhender les choses.
C’est quoi la raison de votre démission alors que le président n’a pas dit qu’il arrêtait avec vous ?
S’il y a une personne en qui j ai une estime indéfectible c’est le président KORE, c’est un passionné, ça on le partage c’est quelqu’un qui s’investit qui aime le basket par-dessus tout mais lui je ne le sens pas appuyé. Si un temps soit peu à ma façon je peux contribuer qu’il y ait plus de crédibilité autour de cette équipe nationale, ce sera peut être ma dernière contribution; sinon j’ai dit à Moise que j’étais à sa disposition pour faire un debriefing, un retour de cette campagne et de cette préparation pour qu'à l’avenir on tire les leçons.
Il est important pour nous de savoir la raison parce que on ne comprend pas. Vous faites une super coupe d’Afrique, vous venez au mondial avec un équipe sans complexe qui est la meilleure de l’histoire des équipes ivoiriennes qui ont participé au mondial, il y a certainement une raison qui est gênante, est ce que vous n’avez eu les moyens de travail est ce que vous avez été torpillé…
Non non, je ne vais pas utiliser les media pour étaler mes états d’âme sur la voie publique ; de toutes les façons la confiance de KORE Moise, je l’avais ainsi que celui du manager général Carlo VIEIRA, les deux sont des passionnés, les deux veulent le bien du basket ball ivoirien avant tout ; il y a de petites choses qu’il faut régler… un championnat du monde c’est quelque chose qui se prépare comme une montre suisse, il faut vraiment que toutes les pièces s’enchevêtrent et fonctionnent en harmonie, il faut un cahier des charges pour définir qui peut intervenir à quelque niveau que ce soit ; on devait s’assurer de ce tournoi au Monténégro, on devait s’assurer des matchs amicaux…Ce sont des choses qui ne relèvent pas des compétences de Koré qui a souhaité déléguer.
C’est qui donc le responsable, vous devez connaitre l’organisation de votre super structure, c’est comme un gouvernement vous êtes le premier ministre et vous devez savoir comment ça fonctionne ?
On a manifestement  un problème de communication à ce niveau. Je suis pas du tout en train de polémiquer parce ce que  vous les journalistes vous cherchez la petite bête pour faire du sensationnalisme ; mais le seul but c’est de faire quelque chose de constructif pour que mon successeur puisse avoir les coudées franches. Et un job de sélectionneur c’est un travail en amont; il faut se donner les moyens, je devais me rendre aux USA pour superviser Charles Abouo et Edi Guy ; on devait me fournir les dvd sur les adversaires ; mes assistants et moi avons passé des nuits blanches à superviser les adversaires avec nos moyens de bords; on a fait tant bien que mal des recherches pour avoir des informations sur nos adversaires alors que FIBA Afrique est basée à abidjan et à ce niveau là on ne nous a pas donné assez de moyens.
Quels sont les bons et mauvais points de cette équipe
Des qualités de cœur énorme et du talent, des qualités de cœur que tout le monde reconnait ; sachant que les qualités de cœur ne suffisent plus, il  faut une forme de discipline et cette équipe parfois a manqué de discipline. Alors j’étais le capitaine du bateau, il fallait certainement taper sur les doigts et on n’est pas arrivé au niveau de basket que je préconise mais quand on fait 3 semaines sans match. Déjà c’est très difficile en club de faire une semaine sans match  donc je peux vous dire que 3 semaines en sélection c’est vraiment difficile…on a eu de grosses pertes de concentration et ce qui se passe en dehors du terrain se répercute sur le terrain.
Il y aurait un problème de communication entre vous et Hervé Lamizana...
Tout le monde aura sa petite interprétation, si moi je vous dis orange vous ne voyez pas le même orange que moi, on a chacun sa perception et forcément il y a des interprétations.
C’est tellement important ces interprétations que ça joue sur le groupe, l’aspect psychologique à ce niveau ; Est ce que vous n’avez pas manqué de management à ce niveau, c’est fatalement important de gérer ses aspects là?
Totalement c’est vrai...
A tripoli on a senti un groupe concentré qui a fini par surprendre les stars camerounaises et sénégalaises or là on a remarqué un problème de maîtrise de l’environnement hors du terrain qui a pertubé le groupe un tout petit peu...
Ça  a joué…le discours n’a jamais été clair ;  il y avait au départ deux philosophies. Soit on prenait le groupe qui a qualifié le Côte d’Ivoire au mondial, soit on intégrait des talents du moment…
On m’a proposé de naturaliser un joueur qui n’avait pas du tout le profil que je recherchais, nous avons 4 joueurs au poste 4 et ce dernier était également un 4 alors que je recherchais un poste 5
Moi je n’ai aucun problème. Si on me dit tu vas avec l’équipe qui a qualifié la côte d’ivoire à la coupe du monde, on aurait été "juste" on serait amoindri au niveau du talent mais on a la qualité de cœur qui nous a fait briller à la coupe d’Afrique ; mais après on est au niveau mondial on se met d’accord pour trouver un équilibre entre ces deux philosophies mais certains joueurs en interne le voient d’un autre œil et ça c’est difficile à gérer. Dès l’instant que des joueurs plus talentueux  au yeux de certains n’ont pas «mérité » leur place au mondial, forcément ça ressort à un moment ou un autre de la préparation
C’est le cas de EDI GUY, Hervé LAMIZANA surtout, mais nous avons noté qu’ils  faisaient partie du 5 majeur et ils ont tenu leur rang quand même ?
Il a tenu son rang au même titre que toute l’équipe avec des périodes de flottement par moment.
Est-ce que vous pensez que la Côte d’Ivoire a les capacités de remporter cette coupe d’Afrique à domicile?
Bien sûr qu’elle a les capacités, voyez les marges de progression d’un Souleymane Diabaté, voyez la prise de responsabilité d’un Pape Philippe Amagou jusqu’à sa blessure à Lyon, voyez un joueur comme Issif Soumahoro, il était dans le 5 contre l’Espagne, on parle peu de lui, il a beaucoup manqué ; quelle est la marge de progression Charles Abouo... ; dès cet instant cette équipe est dans une phase ascendante, elle ne va pas du tout être pénalisée par le choix d’un nouveau coach, ce sera une autre philosophie de quelqu’un qui va apporter du sang neuf comme moi j’en ai apporté. L’équipe ne peut être amenée qu'à progresser. Dès cet instant elle a les armes de gagner à domicile et se qualifier pour les Jeux Olympiques. Je peux vous dire que pour moi c’est une décision très difficile après avoir caressé des rêves mondiaux, je caressais vraiment des rêves de Jeux Olympiques.
Quels sont donc les petits détails qu’il faut régler?
J’en ai donné assez, ce sont de petites choses qui sont infrastructurelles, la bonne planification de la préparation, c’est la communication qu’il faut améliorer… mais Moise est trop esseulé tout simplement.
Quel est votre avenir professionnel et peut être avec la côte d’ivoire parce que vous avez aimé ce pays et des Solo Diabaté il y a en 36 000 viviers.
J’étais il y a deux mois chômeur je suis aujourd’hui au chômage, j’ouvre toutes les portes. Vous savez les places de coachs, de techniciens, elles sont très convoitées, s’il y a des gens qui reconnaissent mon travail au niveau d’un club, au niveau d’une fédération au niveau d’une nation ; j’aime le basket par-dessus tout, je ne pense pas qu’on puisse me reprocher grand-chose au niveau de mon approche intellectuel du basket ; je ne vais pas faire ici un appel sur www.sport-ivoire.ci , mais aujourd’hui je suis chômeur.
Réalisé par Sautiguy Pégnouwara à Ankara