Triplé en Europe et maintenant doublé en Côte d’Ivoire. Le double vainqueur consécutif du Prix Sport-Ivoire 2009 n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Comme pour vérifier l’adage qui dit : «jamais deux sans trois», Yaya est partant pour un troisième sacre en 2010, année du mondial qu’il ne veut pas rater non plus.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />
 
 
Avec la concurrence de joueurs tels que Drogba, Baky, Kalou et Copa, vous pensiez que vous aviez des chances de vous imposer encore une fois pour le Prix Sport-Ivoire ?
 
Même en club il faut dire que je suivais les prestations de mes coéquipiers. Le capitaine  Drogba a réalisé une superbe saison avec Chelsea. Il ne faut pas oublier que c’est lui qui remet Chelsea en scelle en Ligue des Champions. Baky également fait une saison remarquable. Il a terminé le championnat en inscrivant deux supers buts, et même si c’est Bordeaux qui termine champion de France je crois qu’il a fait une bonne saison. Copa a été le meilleur gardien du championnat belge et Salomon n’a pas été du tout mal cette saison avec Chelsea. C’est pour dire que l’ensemble des concurrents était de taille à remporter le Prix Sport-Ivoire. Si je l’ai remporté je crois c’est un peu de chance mais beaucoup pour les trophées que j’ai remporté avec le Barça. En tout cas je suis très heureux de remporter ce prix du meilleur footballeur ivoirien.
 
 
“Le Prix est important pour moi. Car il vient de mon pays“
 
 
Qu’est ce qui, pour vous, a fait la différence avec vos concurrents d’un jour ?
 
Nous sommes tous conscients que quand nous remportons des trophées nous sommes toujours récompensés pour nos efforts et pour la réussite que nous avons. Mais je tiens à féliciter mes coéquipiers qui ont fait une très bonne saison, même si plusieurs d’entre eux n’ont pas remporté de trophées, il faut tenir compte de leur mérite, parce ce n’est pas évident. Quand tu es professionnel il y a nombre de difficultés et c’est même difficile de se faire une place dans le onze entrant. C’est à cause de toutes ces difficultés que je suis d’autant plus heureux de remporter ce trophée. Et je le répète je ne suis pas rassasié de remporter ce prix qui est important pour moi. Car il vient de mon pays et ce n’est pas toujours qu’on est prophète chez soi.
 
On dit souvent jamais deux sans trois, vous pensez déjà a triplé ?
 
Pour moi le plus important c’est d’abord continuer à progresser, de toujours aller de l’avant. C’est vrai que j’ai remporté trois trophées avec le Barça, maintenant je réalise un doublé pour le Prix Sport-Ivoire. C’est sur que je ne veux pas m’arrêter là, j’ai toujours envie de gagner. J’ai envie de raconter des histoires à mes enfants. C’est vrai que je l’ai gagné mais j’ai envie de gagner encore plus, je crois ça ne me fera pas de mal.
 
C’est un Prix qui vous donne encore plus d’engouement pour le sprint final vers le mondial 2010 ?
 
Il nous reste trois matchs à disputer pour aller à la Can et ensuite au Mondial. Nous avons un bon groupe et une bonne marge de progression. Nous sommes sur la bonne voie et j’espère vraiment que les différents titres individuels que nous gagnons nous donneront encore plus de force pour aller chercher un titre collectif avec les Eléphants de Côte d’Ivoire, Inch’Allah.
 
 
“ Coach Vahid doit continuer avec nous “
 
 
Parlant de l’équipe nationale, Vahid Halilhodzic semble être sur le départ. En tant que membre de la sélection nationale quel est votre avis sur ce chapitre qui pourrait bouleverser les Eléphants de Côte d’Ivoire ?
 
Vahid c’est que quelqu’un qui nous fait avancer tranquillement. C’est l’entraîneur qui nous a tant manqué en équipe nationale. Il est très pointilleux et j’aime sa méthode. Nous avons de grands joueurs qui évoluent dans de très grands clubs. Et chacun arrive avec sa personnalité. Ce n’est pas évident pour un entraîneur de gérer un tel monde. Mais Coach Vahid réussit à canaliser tout ce monde malgré tout. Si on devait demander mon avis, je crois que Coach Vahid doit continuer avec nous. Tout lui réussit. La preuve, nous sommes à quelques pas d’une deuxième qualification pour le mondial, il sera intéressant d’obtenir ce ticket avec lui. Je pense donc que ce n’est pas le moment de déstabiliser le groupe.
 
 
La double confrontation en demi-finale de l’Uefa Ligue des Champions entre Chelsea et Barcelone a été entourée de plusieurs commentaires. Quel a été votre regard depuis Barcelone ?
 
Je n’ai pas envie d’entrer sur un terrain où certains on voulu nous envoyer. Certaines personnes ont dit des choses pas très sympathiques. Didier, c’est mon partenaire. Mais face à Chelsea en demi-finale c’est vrai que c’était un match décisif. J’aurai pu affronter mon frère en finale et j’aurai donné le meilleur de moi-même. Parce qu’on a tous envie de gagner, de remporter des trophées.  Nous sommes tous des Ivoiriens et j’ai été beaucoup frustré par certaines déclarations. Mais chacun est libre de soutenir qui il veut. C’est vrai que je n’ai pas envie de revenir là dessus mais ça m’a mis très  mal à l’aise. J’en ai discuté avec mon père et en homme sage il a prodigué ses conseils. Je suis heureux pour ceux qui m’ont apporté leur soutien. Et pour tout le respect que j’ai pour eux je pense que je vais m’arrêter là.
 
 
Le Barça a réalisé un triplé historique. Pour vous qu’est ce qui a fait la force de cette équipe qui est à la meilleure d’Europe, sûrement au monde ?  
 
La force du Barça c’est le bon positionnement du groupe sur le terrain. Nous avons également des joueurs qui ont une qualité technique exceptionnelle. Je pourrai vous citer Xavi, Iniesta, Messi. Il ne faut pas oublier Samuel Eto’o qui est un atout offensif essentiel. Il y a également notre terrain du Camp Nou qui favorise notre manière de jouer grâce à ses dimensions extraordinaire. Je crois aussi avec tout ce talent il y le facteur chance, sans lui on n’aurait sûrement pas fait un tel parcours que j’apprécie beaucoup.
 
 
“ A un moment donné de sa carrière, on est obligé de penser à soi-même “
 
 
 
Plusieurs clubs sont à vos trousses, vous pensez rester au Barça ou vous voulez connaître d’autres couleurs ?
 
C’est un peu compliqué d’en parler. Avec toutes ces victoires avec le club, c’est sûr qu’il y a d’autres envies qui surgissent en plus l’intérêt de certains clubs. C’est aussi vrai qu’à un moment nous sommes emportés par le football business. Parce que l’argent gouverne le sport et il faut reconnaître qu’il gouverne aussi la vie de tout un chacun. A un moment donné de sa carrière, on est obligé de penser à soi-même. Mais j’ai toujours dis que je voulais jouer dans un grand club et le FC Barcelone est un grand club qui me correspond et je compte y rester encore.
 
Frustré de n’avoir rien gagné la saison passée, le Real se renforce avec des noms tels que Kakà, Cristiano Ronaldo et d’autres comme Ribery ou David Villa sont annoncés. La saison prochaine s’annonce donc chaude pour Barcelone en Liga…
 
Je pense que c’est de bonne guerre. Le Barça  et le Real de Madrid  sont deux clubs qui se disputent chaque saison la Liga, avec le même acharnement. Pour moi, il est plus intéressant de se frotter à de grands joueurs que d’évoluer avec des joueurs, sans êtres prétentieux et sans les insulter, qui sont un peu moyen. Je crois qu’avec la qualité des joueurs qui arrive le championnat sera encore plus relevé. Il y aura beaucoup plus d’envie, beaucoup plus de suspense. Et j’aime bien le défi  que le Real veut opposer au Barça, ça permet de se donner à fond. Nous, on se battra pour conserver nos titres quelque soit le nom de l’adversaire.
 
 
Vous êtes un grand joueur et vos transferts donnent le tournille, pensez-vous à initier des actions sociales en Afrique où règne une grande pauvreté ?
 
Le plus important pour l’instant c’est de d’abord finir avec le football. Ce n’est pas toujours évident pour quelqu’un qui est toujours entrain de préparer des matchs importants de se pencher sur un projet social. C’est vrai quand on revient au pays il y a des situations sociales qui nous interpellent, mais pour le moment je fini avec le foot et puis on verra après, on verra. Mais c’est sur que nous avons des projets dans ce sens.
 
 
 
Très jeune mais déjà très grand avec vos performances sur le terrain. Quel message et quel image voulez-vous laisser à ces jeunes africains qui rêvent d’être comme vous ?
 
Ce que je veux partager avec la jeunesse qui me regarde c’est le travail et l’envie d’aller de l’avant. Je crois qu’avec la volonté on peut déplacer des montagnes et c’est cette image que je veux véhiculer. C’est vrai que ce n’est pas facile, la vie du footballeur professionnel n’est pas facile malgré tout ce qu’on voit. Il faut travailler d’arrache pied, toujours se battre. Ce n’est pas évident mais le seul message que je leur adresse c’est qu’ils croient en ce qu’ils font. C’est toujours difficile mais dès qu’on a traversé l’adversité la vie devient un peu plus joviale.
 
 
Réalisé par Patrick GUITEY