Football- Drame du 29 mars : Responsabilités partagées
Football- Drame du 29 mars : Responsabilités partagées
<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />La côte d'ivoire vient de connaître le premier drame de son histoire sportive. La peine est si grande que les uns et les autres semblent fuir leur responsabilité. Avant que l'enquête officielle dirigée par le procureur de la République livre ses secrets, les responsabilités, elles, sont bien partagées.
Dimanche 29 mars. Il est environ 15h40, dans la tribune virage côté Treichville, panique générale puis une odeur suffocante qui envahit la cuvette du stade Félix Houphouët-Boigny. Toux et évanouissement des supporters qui n’arrivent pas à supporter le gaz lacrymogène utilisé par les Forces de l’ordre pour soit dit-on calmer certaines ardeurs. Les supporters de cette tribune sont si affectés physiquement que certains se réfugient sur la piste d'athlétisme. D'autres tombent déjà dans les paumes. Les plus valides adressent des projectiles à des policiers étrangement passifs. L’incident est vite circonscrit…
16h05, les joueurs ivoiriens font leur première apparition, le public est en ébullition. Le match démarrera à 17h10, soit 10 minutes de retard. Le 3-0 à la pause met tout le monde d’accord. Personne ne se doutait du malheur, du drame qui se vivait au-delà des tribunes. C’est à la pause qu'un photographe informé de la tragédie accoure à la tribune de presse pour informer l’opinion du triste revers de la joie sur la pelouse du «Félicia». Les images captées sont insupportables. La large victoire de Didier Drogba et ses coéquipiers sur le Malawi, n’a plus aucune importance. Mais les Eléphants fiers d’offrir un panier de buts à leurs supporters ne s’imaginent pas qu’un autre panier, pas aussi joyeux se trouve derrière les tribunes virages, du côté de l’Assemblée Nationale. Vu la difficulté de nous frayer un passage, nous décidons d'en savoir davantage à la fin de la partie. C'est en ce moment que nous faisons un parallèle entre le gaz lacrymogène et ces morts...
Les faits
Nous nous appuyons sur les déclarations du président de la commission d'organisation des compétitions de la FIF, M. ANZOUAN Kacou qui nous donne une bonne piste presque exhaustive. "Pour cette rencontre (Côte d’Ivoire – Malawi), nous avons émis exactement 31.616 tickets alors que la capacité est de 34.600 places. Cela nous permet de gérer tous les cas qui se présentent à nous. Nous avons les billets numérotés, les chaises numérotées, selon le plan du stade. Nous attribuons aussi les places aux membres de la sécurité du président. C'est pour vous dire que nous disposons toujours de places libres dans tous les compartiments. Nous ne pouvons vendre des tickets en dehors des capacités du stade (...). Les spectateurs ont effectués le déplacement massivement. De notre petite expérience, nous n'avons jamais vu autant de monde, même pour la rencontre de côte d'ivoire- Cameroun (Ndlr : du 4 septembre 2007). Dès 8 heures, ils étaient déjà présents. Ce qui nous a obligés à vite ouvrir les entrées du stade. Au vu de cette situation, en accord avec l'ONS (Ndlr : Office Nationale du Sport chargée de la gestion des infrastructures sportives dd l’Etat), et la gendarmerie, nous avons ouvert les portes d'entrées du stade. Il était 9h35 exactement, au lieu de 11h00 comme prévu. Nous avons mis des check-points au Postel 2000, à Pigier, à la Sodesucre et l'Assemblée Nationale. Ces check-points avaient pour mission de procéder au premier contrôle c'est-à-dire laissez-passer ceux qui avaient les tickets et badges. Au niveau des entrées étaient postés des gendarmes, et les membres du comité d'organisation. Pour éviter que les spectateurs n'entrent avec les tickets falsifiés, nous avons positionnés des membres du comité d'organisation et des représentants des clubs. Pour éviter la tricherie, nous avons mis des jeunes pour les seconder dans le contrôle. C'est donc un contrôle corsé que nous avons mis en place. En outre, nous avons sécurisé les tickets. Les billets étaient infalsifiables. A mesure que le public augmentait, les check-points devenaient défaillants. Le public s'est donc retrouvé au nez et à la barbe des Forces de l'ordre c'est-à-dire des gendarmes. Les civils qui étaient là ont décroché alors que les Forces de Défense et de Sécurité sont venues s'interposer pour prendre le contrôle des entrées. C'est en ce moment que les trafics ont commencé. Nous avons des preuves et j'assume ce que je dis. Quand vous êtes un enfant, c'est 100 francs Cfa, et lorsque vous êtes un adolescent, c'est 200 francs et plus..."
Ainsi donc pour le représentant de la FIF, les Forces de l'ordre chargées de sécuriser le périmètre du stade Houphouët-Boigny sont les premiers responsables du surplus de spectateurs aux abords du stade. Les détenteurs des tickets arrivés certainement avec un peu de retard pour les uns ou ayant été un peu disciplinés en faisant la queue ne supportant pas "cette injustice", ont été obligés d'utiliser la manière forte pour avoir accès au stade. Face à la résistance des mêmes Forces de l'ordre, il y a eu une bousculade monstre avec pour conséquence plus de 19 morts et environ 135 blessés.
Les responsabilités.
Le système de sécurité Evidemment. M. ANZOUA Kacou semble accuser les forces de l'ordre. Mais disons plutôt qu'il faut mettre en cause le système de sécurité mis en place par les organisateurs de l’événement. Car, coutumier, l’entrée frauduleuse de certains supporters au stade grâce sur la complicité des agents de sécurité l’est. Alors rationaliser les entrées par un système de guichets fermés, comme l’a entrepris la FIF est louable. Mais faire un effort d'autocontrôle aurait été salutaire pour tous. Surtout pur ceux qui n’ont pas survivront à aucune enquête. La responsabilité de tous les patrons de la sécurité (l'ONS, la FIF) est directement engagée.
De la responsabilité de la FIF
Qu'on le veuille ou non la Fif ne peut être dédouanée dans ce drame. Car, même si des instructions fermes ont coulé de la plus haute responsabilité de la maison de verre, la faillite "des prestataires extérieures" engagés par la Fif entraîne inexorablement celle de l’instance fédérale du football ivoirien. Quant à la vente de tickets parallèles, l’enquête ouverte par le gouvernement ivoirien déterminera de sa véracité.
En conclusion, nous espérons que ce drame poussera le gouvernement à prendre des résolutions fermes qui sont en gros de trois ordres:
1. discipline de force de l'ordre et formation spécifique à la gestion des stades
2. injonction à la fif d'améliorer son système de sécurité globale (sécurité, billetterie...)
3. projection sur un stade moderne sécurisé et d'une capacité d'au moins 80 000 places.
Par Sautiguy.Pégnouwara
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