can-2023-ads.jpg

Flash Info

  • 08/05/2024 Football-Ligue 1 : Journée 26 : Stella Club 3-0 CO Korhogo, SOA 3-2 AFAD, SC Gagnoa 0-0 AS Denguélé, Zoman FC 1-2 Bouaké FC
  • 08/05/2024Football-International : Le Red Star annonce le départ de son entraîneur Habib Beye
  • 08/05/2024Basket-Centrafrique : Un appel à candidatures lancé pour le poste de Head-Coach de la sélection A
  • 08/05/2024Rugby-Mondial U20 : Défaite de l'Afrique du Sud face à l'Australie (19-24)
  • 08/05/2024JO Paris 2024-Tennis de Table : Le tournoi de qualification se jouera du 12 au 18 mai au Rwanda
  • 08/05/2024JO Paris 2024 : L'acteur américain Tom Cruise sera l'une des célébrités présentes pour la cérémonie de clôture le 11 août (RMC Sport)

Football-Interview : Sabri Lamouchi : « Etre l'équipe la plus équilibrée et forte collectivement »

Football

Football-Interview : Sabri Lamouchi : « Etre l'équipe la plus équilibrée et forte collectivement »

18 October 2012 0
Sabri Lamouchi : « Etre l'équipe la plus équilibrée et forte collectivement »

Quels sentiments vous animent au lendemain d’une telle qualification. Etes-vous soulagé pour le travail accompli ou bien pensez-vous que le plus dur est à venir ?
 
Je suis à la fois soulagé et conscient que ceci n’est qu’une étape. Une CAN sans la Côte d’Ivoire ne sera pas une CAN. Cela aurait été illogique que la Côte d’Ivoire soit absente de ce rendez-vous de 2013. Rien que pour cela, c’est un soulagement. Maintenant, il me faut quelques semaines pour bien programmer et bien planifier cette CAN où l’on espère que les choses se passeront bien pour nous. Mais pour qu’elles se passent bien, il faut qu’on prépare au mieux. C’est ce qu’on va essayer de faire. Par rapport au match du Sénégal, c’est forcément un soulagement pour nous le staff.
 
Pour ce match retour, vous vous êtes dit ce n’était pas fini bien que vous avez deux buts d’avance ?
 
Non.  Je conçois mal que la Côte d’Ivoire n’a pas été tête de série au tirage au sort afin de jouer le match retour à Abidjan. Mais nous étions heureux de sortir de ce match aller avec deux buts d’écart. Ce que j’ai dit aux joueurs avant le match aller, c’est qu’on devait marquer plus de deux buts d’écart avant le match retour à Dakar. C’est un peu ce qui s’est passé. Donc l’exploit, c’était les Sénégalais qui devraient le faire. Je crois que les Sénégalais pensaient que l’exploit était faisable. Seulement, sans vouloir manquer du respect aux Sénégalais, il y avait en face d’eux la meilleure équipe d’Afrique. Avec des joueurs qui sont habitués à ce genre de rendez-vous.
 
Sur les deux matches, à quel niveau avez-vous tiré des satisfactions ?
 
Les deux matches étaient complètement différents. Au match aller, les Sénégalais ont mieux joué. Ils nous ont privés de notre football fluide. Au match retour, c’était l’inverse. Le résultat du match aller nous étant favorable, c’était donc à eux de venir nous chercher. Le temps jouait pour nous. Même si nous avions imaginé plusieurs situations. Parce que dans ce genre de rendez-vous, il faut imaginer plusieurs scenarii pour trouver les solutions. La clé a été que nous avons préparé le match comme il fallait. Les joueurs avaient la détermination et la concentration qu’il fallait. Cela s’est vu sur le terrain.
 
Les balles que Copa sort ne sont-elles pas la clé du match. Vous a-t-il sauvé ?
 
Copa nous a effectivement sauvés. Il fait deux arrêts qui sont déterminant en ce moment-là. Moi, j’ai tout simplement insisté sur le fait que la clé du match se ferait dans les duels. En plus, j’ajouterais qu’il y avait des paramètres extérieurs qu’il fallait maîtriser. Il ne fallait pas parler à l’arbitre, ne pas répondre aux provocations et garder en toute circonstance la tête froide. Si on avait pris un but, il fallait qu’on reste concentré. En aucun cas il ne fallait sortir du match. Et ce qui m’a plu dans la prestation des uns et des autres, c’est qu’ils sont restés concentrés. Et quand cette équipe est concentrée et déterminée, elle est tout simplement redoutable. Je crois que c’est dans cette voie que nous devons continuer à travailler.
 
Les Sénégalais ont fait beaucoup de déclarations avant ce match. Quels ont été les messages que vous avez apportés à vos joueurs ?
 
J’ai effectivement trouvé étonnant les déclarations des Sénégalais. Ça reste légitime de faire croire qu’on peut créer l’exploit. Mais c’était sous-estimer les joueurs qu’ils avaient en face d’eux. Ils savaient à qui ils avaient affaire. Cette équipe de la Côte d’Ivoire n’est pas la meilleure équipe africaine pour rien. Tous les joueurs qui composent cette sélection jouent dans les grands clubs. Ils sont des grands champions. Ils ont démontré qu’ils avaient encore faim et envie de faire en sorte que la Côte d’Ivoire soit présente en Afrique du Sud.
 
Dès l’entame, il y a eu quelques frayeurs. Surtout la paire Bamba-Kolo qui hésitait beaucoup…
 
Très sincèrement, en aucune occasion nous n’avons connu de frayeur. La seule frayeur que j’ai pu avoir, c’est quand Copa a fait un arrêt miraculeux sur un ballon dévié. Je n’ai pas senti ma défense en difficulté. J’ai senti une fois un ballon perdu qui a été sans conséquence. Ce ne sont pas les Sénégalais qui nous ont pressés, c’est nous-mêmes. C’est vrai que lorsque vous jouez à l’extérieur, l’équipe locale vous met la pression. Mais en aucun cas nous n’avons été pressés. C’est l’attitude des joueurs d’expérience comme Kolo, Chico, Bamba et Eboué qui ont été exemplaires.
 
Vous dites que vous n’avez pas senti votre défense en difficulté. Pourtant dans le match, Chico a fait des fautes inutiles. Pourquoi faites-vous tant confiance à Chico par rapport à Boka qui est plus en compétition ?
 
Il y a  quelqu’un qui me disait que la Côte d’Ivoire a 22 millions d’habitants donc 22 millions de sélectionneurs.  Moi j’ai un seul objectif : c’est de mettre en place une équipe ; la meilleure possible en fonction des joueurs que je connais et que j’apprends à connaitre de jour en jour.  Puisque je me déplace énormément pour aller voir les joueurs dans leurs clubs. J’ai fait le choix de prendre Chico tout simplement parce que je veux quelqu’un qui est plus défensif et qui est moins porté vers l’offensif. Et Chico, ce n’est pas parce qu’il ne joue pas qu’il est à court physiquement. La preuve, il n’a jamais été pris à défaut. J’ai eu le temps de revoir le match. Chico n’a perdu que deux ballons. Il y a d’autres joueurs qui ont perdu beaucoup plus de ballons que lui. Pour ce match-là, j’avais besoin des joueurs qui jouent avec leur expérience et leur sang froid et qui repartent proprement. A part les deux ballons perdus, je crois que Chico a fait un match parfait.
 
Entraîneur décrié, sans grade. Sabri Lamouchi qui gagne avec les Eléphants. Comment vous sentez-vous après l’exploit de Dakar ?
 
Soulagé.  Parce que vous ne voyez pas le travail que je fais. On a l’habitude de dire qu’on récolte ce qu’on sème.  Et nous, dans le staff technique, nous avons été exigents envers nous-mêmes pour donner le meilleur aux joueurs. Et les joueurs ont fait le match qu’il fallait. Le fait que nous soyons à la CAN est une première étape. Je me sens soulagé de pouvoir me dire qu’un autre travail m’attend. Il faut pouvoir donc bien le planifier pour aller conquérant à cette CAN. Je sais que tout le monde attend cette CAN qui arrive dans trois mois.
 
Après cette double confrontation avec Sénégal, quels sont les enseignements que vous tirez et qu’est-ce que cela apporte à la Côte d’Ivoire ?
 
Je dirais tout simplement que dans ces deux matches nous avons vu les faiblesses de notre adversaire. Ça veut dire que tactiquement nous avons été en place. Le match aller qui était déterminant nous a gonflé le moral.  Nous avons tout donné. J’ai vu une équipe ivoirienne généreuse. J’ai vu une équipe ivoirienne, menée chez elle, réagir en prenant l’avantage et en augmentant cet avantage. C’est dire que c’est une équipe qui a encore des objectifs.  Le match retour, c’était une autre lecture. Il fallait tout simplement gérer cette avance parce que le temps jouait pour nous. Il fallait garder cette avance, rester concentrés et rester dans le match. Et surtout ne pas se laisser désabuser par les décisions de l’arbitre pour remonter l’adversaire. Tout était une question de préparation adéquate de ces deux rencontres.Au-delà de mon arrivée dans un contexte particulier, je n’ai pas été gâté par le tirage. Reconnaissons que cette équipe du Sénégal est une belle équipe. Les joueurs qui sont dans cette équipe jouent dans les plus grands clubs européens. Malheureusement, la performance de la Côte d’Ivoire  n’a pas été reconnue puisque le match n’est pas allé à son terme. Et c’est regrettable pour le football et pour le Sénégal qui va payer les conséquences d’un tel acte. Il me semble que le Sénégal n’a pas perdu sur terrain depuis 18 ans. Donc c’est une petite performance mais ça ne minimise pas le travail qui a été fait par les joueurs ivoiriens. C’est sûr qu’il y a des choses à parfaire mais nous sommes là pour travailler.  Il faut qu’on continue avec cet état d’esprit parce si on le fait, on aura le temps d’atteindre nos objectifs.
 
Le manque de compétition de certains de vos joueurs, notamment Kolo et Chico, n’est-il pas source d’inquiétude pour l’avenir ?
 
En tout cas, ça l’est pour vous. Avant le match certains journalistes ont dit qu’il ne fallait pas prendre Chico et Kolo puisqu’ils ne jouaient pas dans leur club. Mais, qui fallait-il prendre ? Je vous pose la question.
 
En tant que sélectionneur, nous vous retournons la question …
 
Chico et Kolo sont des joueurs importants. Ils ne jouent pas mais ils sont dans de grands clubs. Parlant de Kolo, il a 115 sélections avec l’équipe ivoirienne. Il est champion d’Angleterre avec Manchester City qui n’est pas un petit club de quartier. Quant on connait le professionnalisme, l’état d’esprit du joueur et sa détermination, on ne peut que l’appeler en sélection. Chico a 98 sélections, il joue dans un grand club comme le PSG où tous les grands noms veulent évoluer. Vous vous inquiétez de leur situation mais pas moi. J’ai fait revenir Boka parce qu’il vaut mieux avoir deux solutions qu’une. Sachez que je ne suis pas là pour faire des cadeaux ou tirer sur une ambulance. Je suis là pour sélectionner les meilleurs joueurs ivoiriens, présenter la meilleure équipe pour qu’elle progresse et gagne surtout.C’est vrai qu’il est mieux d’avoir des joueurs qui jouent régulièrement mais chaque cas est différent. Un joueur comme Kader Kéita qui est important dans le groupe n’a pas de club, il est logique de ne pas le sélectionner. Vous parlez aussi du cas du gardien de but. La Côte d’Ivoire à la chance d’avoir Copa Barry, très bien. Mais Si Copa est malade ou blessé, quel gardien nous mettons dans les buts ?  Donc oui, je cherche. J’essaie de trouver un gardien qui progressera avec Copa Barry. Qui pourra par sa jeunesse reprendre le flambeau dans quelques années et préparer l’avenir. Je cherche et je voyage.
 
En termes de bilan, vous avez trois victoires et deux nuls pour les cinq matches que vous avez disputé avec les Eléphants.  A quel niveau vous avez tiré satisfaction ?
 
La seule frustration que j’ai dans ce bilan que vous faites, parce que je ne suis pas à l’heure du bilan, c’est de ne pas avoir pris deux points supplémentaires au Maroc (ndlr : éliminatoires Mondial 2014). Parce que l’équipe le méritait totalement. Ce qui plait surtout, c’est l’état d’esprit que les joueurs mettent aux séances qu’on leur propose. Ils respectent les consignes qui sont données. Et après, on voit que le football en Afrique est différent de celui de l’Europe.  Je pense notamment au match que nous avons livré contre la Russie. Ce match nous avons eu 57% de possession du ballon ce qui veut dire beaucoup de choses. On s’est crée beaucoup plus d’occasions, on a joué de manière différente. Il faut s’adapter à l’équipe que vous avez en place. Il faut s’adapter au contexte et à l’enjeu. L’objectif n’est pas de se présenter et dire qu’on est le plus fort. L’objectif est d’être l’équipe la plus équilibrée et de jouer sur ses qualités en ayant conscience de ses défauts. Voilà ce que j’essaie d’apporter.
 
Le problème de cette équipe, c’est son déficit collectif. Partagez-vous cet avis ?
 
Je dirais qu’elle devrait plus jouer ensemble. Un journaliste m’a dit qu’on prend des buts et cela veut dire que la défense n’est pas bonne. Pour moi non. Quant on prend des buts, c’est que les premiers défenseurs qui sont les attaquants ne font pas leur travail. Peut-être qu’on est loin des uns et des autres. Et si les premiers attaquants faisaient leur travail pour être plus proche des uns et des autres peut-être qu’on prendra moins de buts. C’est ce travail d’équilibre que j’aimerais partager avec tous, surtout les journalistes. Mes joueurs, eux, savent où on veut aller et ce qu’on veut atteindre comme but. Mes joueurs connaissent parfaitement leur force et leur faiblesse. Donc à nous de faire les efforts qu’il faut pour faire en sorte que cette équipe ivoirienne soit collectivement beaucoup plus forte.
 
L’un de vos devanciers disait qu’il préfère mal jouer et gagner. Est-ce que vous partagez  cette idée ?
 
Le plus important, c’est de gagner. Quand vous êtes en équipe nationale, il y des victoires qui ne sont pas bonnes à accepter et puis il y a des défaites qui vous rassure. Moi, je pense que le plus important c’est d’être fidèle à ce qu’on est. Ce que je veux, c’est tout simplement prôner une bonne image de la personnalité et une identité.
 
L’identité que vous comptez imposer à cette équipe est laquelle ?
 
C’est le jeu.  Jouer au ballon est pour moi la meilleure identité.
 
Comme le Barça par exemple ?
 
Je suis heureux que vous prenez cet exemple-là. Connaissez-vous une équipe qui joue comme le Barça ? Le Barcça est l’unique équipe qui joue comme le Barça. On peut se rapprocher de l’original mais la seule différence, c’est que les joueurs du Barça jouent selon une philosophie qui leur est inculquée depuis leur formation. Quant ils arrivent en équipe première, il n’y a rien qui change. Par contre, les joueurs qui arrivent à Arsenal épousent la philosophie de jeu qu’Arsène Wenger a mis en place dans ce club depuis15 ans. Certes, ils jouent au football mais il a modifié la mentalité de l’équipe d’Arsenal. Il y a aussi des équipes comme le Real et Manchester City qui sont agréables à voir jouer mais avec une philosophie de jeu différente.  C’est dire que vous faites avec les joueurs que vous avez avec leur philosophie de jeu. Si je veux imposer ma philosophie de jeu à cette équipe, ce serait prétentieux de ma part. L’équipe a de la qualité et la seule chose que j’essaie de faire est de travailler sur la qualité de cette équipe, en ayant un peu plus la maitrise collective et surtout l’équilibre qui nous permet de souffrir un peu moins et de faire un peu plus mal. C’est ça mon idée.
 
Il semble que pour tous les entraîneurs qui se sont succédé à la tête des Eléphants, c’est l’association de talents qui pose problème. Nous avons de bons joueurs mais nous n’arrivons pas à asseoir une maitrise collective. Vous qui venez d’arriver, comment comptez-vous y prendre pour que cette équipe ait une bonne assise collective ?
 
J’ai déjà dit à ma première conférence de presse que je n’invente rien. Je n’ai jamais dit que je vais ramener la Coupe, je n’ai pas non plus dit que je vais faire de ces joueurs les meilleurs du monde. Je dis que j’allais donner le meilleur de moi et l’idée qui est la mienne pour faire en sorte que cette équipe soit la plus compétitive possible. Moi, je pense que ces associations sont possibles. C’est pour cela que j’ai rappelé certains d’entres-eux. Qui ont de la personnalité et du caractère. J’ai besoin  et cette équipe a besoin de personnalité et du caractère. Parce qu’en plus de ça, ce sont de bons joueurs. Mais ça ne suffi pas. L’individu n’est pas plus important que le collectif. Le collectif prime sur l’individu. Quand on vient en équipe nationale, on est au service de cette équipe.  C’est collectivement que cette équipe va remporter quelque chose. Un joueur nous fera gagner un match mais c’est le groupe qui fera gagner un titre à la Côte d’Ivoire.
 
La Coupe d’Afrique, c’est dans trois mois. Avez-vous un plan de préparation spécial pour cette CAN ? Croyez-vous aussi que cette fois-ci est la bonne ?
 
Aujourd’hui, je prépare la CAN en Afrique du Sud qui arrive en janvier. Je vais retrouver les joueurs en début d’année et nous irons en regroupement. J’irai en Afrique du Sud la semaine prochaine pour le tirage au sort. Mais d’ici-là, la programmation et la préparation sont importantes. Et nous devons les réussir. Nous avons encore un match amical le mois prochain en Autriche qui nous permettra de voir certaines choses. Mais ça sera la dernière occasion avant la CAN. Donc ça va aller très vite. Voila mon agenda futur.
 
Quel rôle convient à un joueur aux qualités énormes comme Touré Yaya. Parce qu’entre le Yaya de l’équipe nationale et celui de Manchester City, c’est le jour et la nuit ?
 
S’il y a un joueur à qui tous les rôles peuvent convenir, c’est bien Yaya. Puisque techniquement il est largement au-dessus de la moyenne. Il peut jouer tous les rôles. Quand vous dites c’est le jour et la nuit à Manchester City et en sélection, je dirai oui et non. Pourquoi.  J’ai été le voir à Manchester City et j’ai discuté avec son entraîneur. On se retrouve exactement dans les mêmes choses. Je reste persuadé que Yaya sera déterminant à la prochaine CAN. Son rôle au milieu de terrain est important mais son rôle au sein du groupe et dans le jeu de la sélection est primordial. C’est un joueur qui doit prendre le jeu à son compte. C’est un joueur sur qui je compte énormément et à qui on demande beaucoup.
 
Sans vouloir trahir un secret, qu’est-ce que Mancini vous a dit ?
 
Mais je ne trahirai pas le secret.
 
Si Yaya doit prendre le jeu à son compte, cela voudrait dire que les Eléphants seront amenés à évoluer autour de lui ?
 
Ce n’est pas ce que je veux dire. Vous oubliez la phrase précédente qui était que l’individu n’était pas plus important que le collectif. Il faut jouer avec ses forces et la Côte d’Ivoire  a cette  chance, d’avoir Yaya, Drogba, Gervinho, etc. C’est-à-dire une série de joueurs qui évoluent au football de haut niveau, qui sont déterminants et qui font la différence à tout moment. Et quand on a cette chance, il faut l’exploiter. Croyez moi, je me creuse les méninges pour trouver la meilleure solution pour que cette équipe et chaque joueur soit dans son rôle pour donner le meilleur au jeu de l’équipe.
 
Cette CAN 2013 n’est-elle pas plus relevée que celle de 2012 ?
 
Je pense vraiment qu’elle est plus relevée. A part le Cameroun et l’Egypte, toutes les grandes équipes seront présentes. Et ça promet une belle CAN en Afrique du Sud.
 
Quand vous pensez au tirage au sort, qu’est-ce que vous vous dites dans la tête ?
 
Croyez-moi, je ne me dit rien. Depuis que je suis arrivé  dans cette équipe je n’ai rien eu dans la facilité. Rien. J’aurais voulu que l’affiche Sénégal-Côte d’Ivoire soit la finale de la CAN mais là je n’ai pas été gâté par le tirage et nous avons réussi à éliminer cette équipe sur deux matches. C’est dommage qu’une belle équipe africaine ne soit pas à la CAN. Mais c’est dire aussi que nous avons fait un travail pour aboutir à ce résultat, face à une grande équipe du continent.
 
En cinq matches, avez-vous le sentiment d’avoir imprimé votre empreinte sur cette équipe tant sur la discipline du groupe que sur l’organisation. Cette équipe a souvent connu des problèmes d’egos …
 
Je suis agréablement surpris de l’état d’esprit et l’implication que mettent les joueurs aux séances qu’on leur demande. Mais tout passe par l’explication qu’on veut leur donner. Je dis ce que je veux faire et je l’explique aux joueurs. Ils adhèrent. Ce qui me rend positif pour la suite. Les joueurs se rendent bien compte qu’en évoluant ainsi, on a forcément ce que l’on mérite. Et on récolte ce qu’on sème. On ne peut pas se permettre de faire des séances d’entraînement en toute légèreté sans concentration. C’est-à-dire qu’on vient en sélection quand en veut. Quand on porte le maillot des Eléphants, on doit être concentré, appliqué et déterminé.
 
Vous êtes donc en train de dire que vous maîtrisez totalement le groupe ?
 
Non. Mais tout va pour le mieux pour la simple et bonne raison que nous sommes entrain de mettre les joueurs dans de bonnes conditions. Cela dit, je ne maîtrise pas tout. Je n’invente rien, j’essaie d’avancer à ma façon avec un groupe. Avec ma philosophie.
 
Quelle est donc votre philosophie ?
 
Les choses qui étaient faites avant ne m’intéressent pas directement. Mais cela ne veut pas dire que ce n’était pas bien. Je ne suis ni un général ni un béni oui-oui. Je veux être juste et ferme parce que nous sommes en sélection. Je ne suis pas non plus un animateur de club de vacances. Mais je ne vais pas prendre un bâton pour sanctionner qui que ce soit. J’ai affaire à des hommes, à des professionnels à qui j’explique des choses avec la plus grande sincérité, la plus grande honnêteté. Celui qui n’adhère pas, il s’exclut automatiquement. Et ce que je retiens, c’est la volonté de tous d’avancer. Et quand on me parle des égos des uns et des autres, j’avoue que je n’ai pas ce problème-là. Je me forcerai de faire attention demain. Et pour utiliser votre terme, je ne maîtrise rien mais j’essaie juste de faire avancer les choses telles que je les perçois et les vois par mon expérience du haut niveau en tant que joueur. Sinon, si vous n’êtes pas exigent avec les uns et les autres lors de la préparation, il vous sera difficile d’atteindre vos objectifs.
 
Vous dites que vous n’avez rien appris dans la facilité. Après avoir réussi à qualifier cette équipe de la Côte d’Ivoire, avez-vous le sentiment d’aller à la CAN un peu libéré ?
 
Alors pas du tout. Vous savez, j’ai un tempérament très exigent. Nous essayons de mettre les choses dans les meilleures dispositions, c’est pourquoi je ne tolérai rien dans le comportement des uns et des autres. Parce que pour moi, cette qualification est juste une étape. Mais je sais le travail qui nous attend. Je sais la difficulté qui nous attend. Plus on aura bien préparé cette CAN, mieux on aura anticipé certaines choses. On se donnera les chances de bien préparer cette CAN. Nous sommes encore loin mais je sais le travail qui nous attend. Et ce travail ne me fait pas peur. Cette génération n’a rien fait si ce n’est titiller le trophée que les Ivoiriens attendent tant. Nous devons faire un peu plus. Je me suis rendu compte que ce ne sont pas les Ivoiriens seulement qui veulent que cette équipe remporte la CAN. Cette équipe a une côte de sympathie. Cette génération n’a rien gagné et quand on voit la côte qu’elle a, on se dit que ça vaut la peine d’essayer.  Et quand on voit le capitaine exemplaire comme Didier Drogba qui a tout gagné et très engagé avec la sélection on se dit que la Côte d’Ivoire est sur la bonne voie. Je me dis aussi que Drogba est un exemple pour la jeune génération. Vous voyez sur le terrain mais vous ne voyez pas le sacrifice qui est fait par tous ses joueurs, c’est important. Ce qu’on ne voit pas est plus important que ce qu’on voit. On rayonne sur le terrain mais vous ne voyez pas les efforts qui sont faits avant les matches. Et si tout le monde fait des efforts, la Côte d’Ivoire qui est favorite peut se rapprocher de l’objectif que les gens attendent tous.
 
Après cinq matches, qu’est-ce qui manque à cette équipe pour gagner. Quel est le pallier qu’elle doit franchir pour gagner enfin ?
 
Ce n’est pas moi qui change les choses. J’ai mon mode de fonctionnement mais je n’ai pas la prétention de dire que je vais faire gagner cette équipe. Et je sais que si chacun d’entre nous a le sentiment de faire des efforts, si on met dans les meilleures conditions les joueurs, si on met de l’intensité, de l’application dans le travail, si on fait tous des efforts et qu’on fixe le même objectif sans se raconter d’histoires, peut-être qu’on a une chance. Maitrisons d’abord ce qu’on peut maîtriser. Si chacun d’entre nous fait son travail avec des efforts et du sacrifice, on pourra espérer plus. En tout cas, tous dans notre rôle.
 
Vous n’étiez pas l’entraîneur des Eléphants en 2012 mais comment expliquez-vous l’échec en finale ?
 
Vous m’imaginez faire des commentaires ? Déjà, quand je fais de commentaires sur mes matches certains journalistes ne sont pas d’accord. Vous voulez donc que je parle d’un match que je ne gérais pas. Je connais la difficulté quand vous avez un groupe à gérer. Vous mettez la meilleure équipe possible en fonction de ce que vous voyez à l’entrainement. En fonction aussi des ressentis et des idées que vous avez. Je n’étais pas à cette CAN et je n’ai rien vu. Et même si j’avais vu, je ne ferai pas de commentaire. Sinon ça voudrais dire que je dois critiquer ce qui a été fait. En aucun cas je ne le ferai. Parce que les gens qui ont fait le travail avant moi ont essayé de le faire le mieux possible pour remporter ce match.
 
Cela veut dire que vous prenez cette équipe nationale sans rien connaître d’elle ?
 
Tout le monde a compris mon explication. Je ne discute pas des problèmes des autres parce que je sais à quel point il est difficile de faire des choix. Je sais à quel point il est difficile de faire passer un message et de mettre en application certaines choses.
 
Quel type de rapports entretenez-vous avec la DTN pour la relève ?
 
Nous avons essayé avec N’guessan Clément de voir ce qu’il serait possible de faire. Comme vous le savez, je suis à la disposition de tous. J’ai demandé à rencontrer les entraîneurs locaux, pas pour leur dire que ma méthode est la meilleure mais pour leur dire que les portes de l’équipe nationale étaient ouvertes. Que je devais échanger avec tous les éducateurs pour voir ce qui a lieu de faire. Parce que 95 % des joueurs de l’équipe nationale sont partis d’Abidjan. L’équipe nationale appartient aux Ivoiriens donc plus aux éducateurs. Et moi, je suis à leur disposition.
 
Avez-vous le sentiment d’avoir été entendu ?
 
Je ne cherche pas à être entendu mais à préparer la relève. Et c’est le cas du déficit en gardiens de buts qui m’a amené à aller chercher un jeune gardien. Parce que nous n’avons pas assez de gardiens qui jouent dans leurs clubs et le jour que Copa est blessé ou malade, ça sera presque la catastrophe pour l’équipe nationale. Je voyage beaucoup pour aller voir les joueurs parce qu’il faut préparer la relève.
 
Source, fif-ci.com

A lire aussi ...

TOP