Soucieuse de ne pas dépareiller après les colossales entrées en matière de ses rivaux all blacks et wallabies la veille, l'Afrique du Sud a dû s'employer dimanche, dans un Parc des Princes inondé de soleil et tout acquis à la cause de son adversaire, pour venir à bout de valeureux Samoans (59-7). Bousculés en première période, les Boks, plus physiques que jamais, ont exploité le manque de fraîcheur des joueurs du Pacifique en inscrivant huit essais, dont un quadruplé de leur ailier Brian Habana, synonymes de bonus offensif.
Il soufflait jusqu'à ce dimanche un incontestable et implacable vent du Sud sur ce début de Coupe du monde. Vingt-quatre heures après les terribles entrées en matière néo-zélandaise et australienne, fatales aux pauvres Italiens et Japonais, réduits au rang de faire-valoir, on attendait forcément avec impatience l'entrée en lice de l'autre membre du trio du Sud, l'Afrique du Sud, présentée comme un crédible prétendant au titre.
Dans un Parc des Princes inondé de soleil, où l'on n'avait plus joué de rencontres internationales depuis dix ans et la colossale correction (52-10) reçue par l'équipe de France face à... l'Afrique du Sud, les Boks, inspirés par ce haut fait d'armes de leurs prédécesseurs, se devaient surtout de se montrer à la hauteur de leurs concurrents. Ce fut fait, les hommes de Jake White décrochant à leur tour le bonus offensif, avec un léger bémol car pour en arriver là, John Smit et ses coéquipiers auront dû s'employer une mi-temps avant de profiter de la terrible baisse de régime de leurs adversaires.

• "Allez les Bleus, allez les Bleus..."

Des Samoans capables de pratiquer un jeu très physique, mais également toujours prompts à envoyer du jeu, ce qu'ils ne se privent pas de faire, dans des conditions aussi propices dès les premières minutes et de leurs propres 22 mètres. Mais cette saine volonté de faire vivre le cuir suppose une maîtrise technique parfois défaillante chez les coéquipiers d'Alesana Tuilagi. On ne joue pas cinq minutes que déjà Percy Montgomery, la fine gâchette sud-africaine, se voit offrir trois points sur un plateau suite à un placage haut (3-0, 3e). Les Panzers springboks campent déjà dans la moitié de terrain adverse et, sous la pression, contraints de défendre sans répit face à une pression déjà étouffante, les Samoans se mettent à la faute, ce dont Montgomery profite (6-0, 10e).
Entre deux équipes aussi portées sur le défi physique, chaque impact, chaque regroupement, s'avère un morceau de bravoure, parfois à la limite de la régularité, comme sur ce tampon aérien de Schalk Burger qui aurait dû valoir à la star sud-africaine un carton jaune et ne rapporte aux Samoans qu'une pénalité ratée par leur buteur Gavin Williams (11e). A la différence de Montgomery parfait dans son rôle d'épicier des petites affaires springboks et auteur d'une nouvelle pénalité (9-0, 15e).
Mais si Gavin Williams n'a pas la fiabilité d'un buteur international, le centre samoan s'y entend pour déchirer un rideau défensif, ce qu'il ne se prive pas de faire à la mi-temps de cette première période sur une superbe prise de balle à hauteur. Le Parc, qui a d'emblée pris fait et cause pour les Samoa et n'hésite pas à entonner de vibrants "Allez les Bleus", exulte devant ce scénario tandis que les Boks, surpris dans leur sieste, déchantent (9-7, 18e). Une mauvaise surprise qu'il leur faut digérer jusqu'à ce numéro d'artiste réussi par la bombe sudaf', Brian Habana sur son aile gauche. Un slalom géant dans un défense samoane débordée et incapable de stopper ce feu-follet qui, au bout de ses 40 mètres sur un fil, remet les Boks dans le sens de la marche (14-7, 33e). La débauche d'énergie des Samoans a un prix et les derniers instants de ce premier acte, passés sur leur ligne d'essai, confirment une baisse de régime évidente sanctionnée par un nouvel essai sud-africain. Au pilonnage des avants succède une ouverture à l'aile que Montgomery exploite sans forcer avant de réussir la transformation de son propre essai (21-7, 40e+1).

• Lima, une minute pour l'histoire!

Ragaillardis par la pause, les Samoans attaquent la reprise de plus belle dans le sillage de leur capitaine Semo Sititi. Frustré par la défaite du XV de France, le public du Parc abreuve de ses encouragements ces autres Bleus. Mais le froid réalisme des Boks éteint d'un coup d'un seul tout le stade: François Steyn, le surdoué sorti du banc, frappe sans attendre et sert à hauteur son compère du centre, Jacque Fourie, pour un essai en contre aux allures de KO (28-7, 47e). Impression confirmée dans la foulée avec le doublé de Montgomery qui, en bout de ligne, sans opposition, offre l'essai du bonus offensif à son équipe (33-7, 53e).
Cette seconde période ne sera plus qu'une longue agonie pour des Samoa portés disparus et criblés encore par les trois nouveaux essais de l'irrésistible et opportuniste Habana (56e, 66e, 77e), auteur d'un quadruplé, avant que l'autre ailier J.P. Pietersen ne conclue la marque (59-7). L'occasion aussi donnée à l'emblématique Brian Lima, entré à l'heure de jeu avant de sortir sur blessure... une minute plus tard, de devenir le premier joueur à avoir disputer cinq Coupes du monde! Une maigre consolation individuelle pour une si valeureuse équipe des Samoa ovationnée par le Parc durant de longues minutes. Mais le coeur ne fait pas tout, les gros bras springboks l'ont parfaitement illustré...
Source: Sports.fr