La surprise vient du bas. La coutume veut que cette tradition reste telle. La CAN 2008 n’en a cependant pas eu. Au contraire le sablier a été renversé et les équipes les plus attendues ont été obligées de baisser pavillon et de rentrer à la maison plus tôt que prévu.
Attendus pour la CAN 2008, le Maroc et le Sénégal n’ont eu droit qu’au tarif minimum, c'est-à-dire trois matchs. Un parcours que leurs prestations lors des éliminatoires et surtout des rencontres de préparation ne leur présageaient pas aux yeux des observateurs, le Maroc en premier lieu. Les Lions de l’Atlas mis aux mains d’Henri Michel, un habitué de la CAN, faisaient déjà saliver à l’idée de leurs premiers rugissements en sol ghanéen. Un nul (2-2) en préparation face aux Bleus de Raymond Domenech et deux victoires face aux Lions du Sénégal (3-0) et aux Palancas Negras d’Angola (2-1), les avaient érigé au titre de favoris de la CAN 2008. Et déjà, certaines anciennes gloires du football continental dont le Camerounais Patrick M’Boma, voyaient «l’impressionnant» Maroc, en finale.
La voie semblait leur être toute tracée après la correction (5-1) que Youssef Hadji et ses coéquipiers infligent à la Namibie, lors de leur première sortie dans le groupe A. Un festival offensif au cours duquel les Lions de l’Atlas auront, malheureusement, utilisé toutes leurs cartouches. Car, face au Syli de la Guinée, le Maroc perd de sa superbe et est obligé de s’incliner face au géni de Pascal Feindouno (auteur d’un doublé) et à la vista de Souleymane Youla pour s’incliner sur le score final de 3-2.  Une défaite qui les contraint à jouer le match décisif face au pays hôte, le Ghana. Une confrontation face aux Blacks Sars qui ne leur réussira pas. Défaits sur le score de 2-0, les Marocains, contrairement aux attentes, plient bagages et deviennent la première déception d’une CAN dont la préparation avait été quasi-parfaite. Henri Michel comme en 2006, ne survit pas à cette désillusion et est limogé par la Fédération Royale Marocaine de Football, alors que son contrat courait jusqu’en 2010.
Même son de cloche chez les autres Lions dont la tanière se trouve au Sénégal. Les fauves de la Teranga ont fait grise mine au terme des rencontres de la poule D, logée à Tamalé. Deux nuls devant la Tunisie et l’Afrique du Sud, et une importante défaite (3-1) face à une étonnante sélection des Palancas Negras, c’est le triste bilan de la sélection du Sénégal.  Un bilan auquel n’a pas résisté Henri Kasperczak. Le technicien franco-polonais a jeté l’éponge avant le terme de la compétition pour son équipe. Le banni puis réintégré El Hadj Diouf n’a pas apporté le plus qu’il fallait à l’attaque sénégalaise. Eliminés avant le terme des rencontres de poule, les Lions de la Teranga ont surpris par un manque d’imagination et une désinvolture qui frisait la démission, le tout arrosé par une indiscipline de certains joueurs qui se permettaient des virées nocturnes dans les boîtes de nuit de Tamalé. Le Sénégal n’était peut-être «pas un favori», comme le déclarait Lamine Diatta, mais l’on en attendait plus que ce piètre visage affiché au Ghana qui fait de lui la seconde désillusion de la CAN 2008.
Patrick GUITEY au Ghana