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Sélections nationales : Faut-il réhabiliter les entraîneurs locaux ?

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Sélections nationales : Faut-il réhabiliter les entraîneurs locaux ?

10 March 2008 0
Sélections nationales : Faut-il réhabiliter les entraîneurs locaux ?

Lors des appels à des candidatures au poste de sélectionneur des équipes nationales de football, les dirigeants africains semblaient s’être donné le mot : « Entraîneurs locaux, s’abstenir ».
Dans l’écrasante majorité des cas, la préférence allait aux entraîneurs expatriés européens. Mais, coup de théâtre, la récente prestation couronnée par un deuxième sacre continental d’affilée, à la CAN Ghana 2088, de la sélection égyptienne des Pharaons, pilotée par Hassan Shehata, un entraîneur égyptien bon teint, pur produit du football des rives du Nil, a déclenché un déclic. « Ah bon ! Existe-t-il des entraîneurs locaux autant, sinon plus compétents que bien de leurs homologues européens, s’est-on interrogé », avec une fierté à peine contenue. Depuis le 10 février, fin de la CAN 2008, un vent de réhabilitation souffle en direction des entraîneurs locaux. Nigeria, Maroc, Sénégal, Tunisie ont donné le ton.
Désormais, toutes leurs sélections nationales de football seront encadrées par des techniciens locaux. Plus de sélectionneurs expatriés. Le mouvement pourrait faire boule de neige. Même s’il existera, peut-être pendant longtemps, encore, des poches de résistance. Pour des facteurs endogènes propres à chaque pays. Flash-back. 1992, à la Coupe d’Afrique des nations Sénégal 92 à Dakar, l’Ivoirien Yéo Martial Paul, seul sélectionneur local parmi les 8 entraîneurs des sélections participantes, remporte le trophée continental (le 1er pour la Côte d’Ivoire) avec les Eléphants.
2006 puis 2008, Hassan Shehata, sélectionneur des Pharaons d’Egypte, enfant du pays du Nil, remporte deux fois d’affilée le trophée continental. Au nez et à la barbe des entraîneurs expatriés européens. Toujours en 2009, à la phase finale de la Coupe du monde en Allemagne, l’équipe nationale d’Angola, les Palancas Negras, est la seule des 5 sélections africaines représentant le continent noir, à être entraînée par un Angolais Luis Oliveira Consalves. Artisan de la qualification de son pays pour cette grand-messe du football mondial.
Des exemples qui ont en commun : l’audace et la volonté politique de faire d’abord et avant tout, confiance à l’expertise locale. Cependant, dans bien des cas il est bon de relever que l’expérience n’a pas été heureuse. Ce qui pourrait expliquer peut-être la trop grande méfiance observée à l’égard des entraîneurs locaux, quand il s’agit de diriger les sélections nationales. Celles-ci étant appelées à défendre les couleurs des pays dans les grandes compétitions internationales telles que la Coupe d’Afrique des nations, la Coupe du monde ou encore les Jeux olympiques. On ne saurait badiner avec l’honneur de la patrie. Le nationalisme ayant aujourd’hui envahi le sport. Ce qui, affirme-t-on, pourrait pousser la plupart des dirigeants africains à se tourner, mécaniquement, vers les techniciens européens. Dans l’espoir de se donner les chances de succès escompté. Malheureusement, la compétence de nombre d’entre eux n’est pas toujours établie. Un confrère de RFI, Gérard Dreyfus, ne dit pas autre chose quand il s’interroge sur la propension des dirigeants africains à se lancer aveuglément dans le recrutement des entraîneurs européens dont la plupart n’ont ni la compétence requise, ni l’aptitude pédagogique adéquate pour entraîner une équipe nationale engagée dans de hautes compétitions. Par rapport à des entraîneurs locaux. Ces derniers confinés le plus souvent, dans des rôles d’éternels seconds. Tout juste bon pour assurer l’intérim. Le temps de trouver un expatrié à qui on fera un pont d’or et déroulera le tapis rouge. Tel est le lot de frustrations qu’endurent les entraîneurs locaux chargés d’exécuter les tâches ingrates : porteurs de matériels sportifs, préparateurs physiques et autres chargés du footing matinal avec la troupe. Soumis à des salaires de misères. Un sort peu enviable qu’une certaine opinion manichéenne a fini par imposer aux techniciens locaux à force de jugements subjectifs : « les entraîneurs locaux sont incompétents. Ils manquent d’autorité et de poigne. Ils sont manipulables, enclins à la corruption et bourrés de complexe d’infériorité face aux joueurs professionnels… » entend-on dire ça et là.
Mais si les préjugés défavorables ont la vie dure, cependant le récent succès des Pharaons, entraînés par Shehata, aura eu le mérite de dessiller les yeux et de relativiser les propos de bien des observateurs. La prompte réaction de certains pays tels que le Nigeria, le Maroc, le Sénégal, la Tunisie, qui ont décidé de confier désormais leur équipe nationale à des entraîneurs locaux, ouvre de nouvelles perspectives pour le football africain. L’Egypte fait des émules. La préférence nationale pourrait avoir raison du mur de mépris qui faisait des sélections nationales, un domaine généralement réservé qu’aux expatriés.
Les Super Eagles du Nigeria seront désormais entraînés par un sélectionneur nigérian, Samson Siasia a-t-on appris jeudi dernier. En attendant sa prise de fonction officielle, James Peter assurera l’intérim. Un autre sérieux prétendant Stephen Keshi attend dans l’anti-chambre. Il fut sélectionneur des Eperviers du Togo qu’il avait qualifiés pour le Mondial allemand en 2006. Avant d’être écarté au profit d’Otto Pfister.
Au Maroc, les autorités sportives ont remercié le Français Henri Michel. Il sera remplacé par un entraîneur marocain. Au Sénégal, après le geste discourtois du Franco-Polonais Henri Kasperczak, (il a démissionné en pleine CAN à Accra), les autorités font appel aux compétences nationales. Sur la liste des candidats, figurent les noms d’anciens joueurs : Souleymane Camara dit Gaucher, Jules Bocandé qui fut l’adjoint du Français Bruno Messu à la tête des Lions de la Téranga en 2002. Abdoulaye Saar et Amara Touré, le duo qui a remplacé le Français Guy Stephan. Ils affichent leurs ambitions de recréer une dynamique de victoire dans la tanière. Au Cameroun, malgré l’exploit réalisé par l’Allemand Otto Pfister en propulsant les Lions Indomptables en finale de la CAN 2008, il est de plus en plus question de confirmer Jules Nyonga au poste de sélectionneur national. Il avait assuré l’intérim après le départ du Portugais Arthur Georges.
En côte d’Ivoire, le sujet reste tabou. Le contrat de l’Allemand Ulrich Stielike expire le 31 mars prochain. Absent à la CAN 2008 (pour cause de maladie suivie du décès de on fils), retrouvera-t-il son poste de sélectionneur ? Possible. Dans tous les cas, selon des sources proches de la Fédération, la nomination d’un sélectionneur local ne serait pas à l’ordre du jour. Le refus d’envisager la probabilité d’un recours à un entraîneur ivoirien s’expliquerait  par les expériences qualifiées de désastreuses, tentées avec Gbonké Tia Martin, nommé sélectionneur national en 2000 lors de la CAN au Ghana-Nigeria. Ces résultats catastrophiques lui ont valu un séjour à Zambakro sous la junte militaire. Même résultats avec Lama Bamba lors de la CAN 2002 à Bamako. Les Eléphants avaient touché le fond de la cale en se classant dernier. Autant de souvenirs douloureux qui ont contribué considérablement à entamer la crédibilité des entraîneurs ivoiriens appelés à la tête des Eléphants. M. Jacques Anouma, président de la FIF, qui a fait le pari de remporter un trophée continental, n’entend pas confier l’équipe nationale à un entraîneur local, confie son entourage. « Parmi tous nos entraîneurs locaux, qui serait capable de hisser les Eléphants même en quarts de finale ? Avant de parler d’un sacre continental. Personne », objecte-t-on au siège de la FIF. Un dirigeant de l’organe fédéral ajoute : « Nous à la FIFI, on n’est pas esclave des effets de mode. L’Egypte, le Nigeria, le Cameroun, le Maroc, voire le Sénégal, peuvent tenter une telle aventure. Eux, ils possèdent des techniciens compétents à travers d’anciens joueurs professionnels ayant joué au plus haut niveau en Europe. Ils ont pu effectuer  des stages de recyclage d’entraîneurs. Tel n’est pas le cas chez nous ».
La première vague de nos vrais professionnels se résume à la génération actuelle, des Drogba, Kolo, Kalou et autres. Ceux-ci ont la chance de jouer à un très grand haut niveau. Sous la direction de grands entraîneurs mondialement reconnus. Ils nous seront utiles après leur carrière. Leur reconversion sera facile. Mais avant cela, nous ne pouvons pas prendre le risque de confier la direction technique de la sélection nationale à un entraîneur local. Par simple nationalisme ou par suivisme. Nos entraîneurs locaux sont très limités. Les remettre en selle serait compromettre l’avenir des Eléphants et nos objectifs » conclut-il. Des arguments partagés par bon nombre d’Ivoiriens. Ceux-ci affirment, à tort ou à raison, que le nationalisme, surtout l’enthousiasme provoqué par l’exploit de la sélection égyptienne ne suffit pas pour détecter tous azimuts, la réhabilitation des entraîneurs locaux. Et à leur donner un blanc-seing à la tête des sélections nationales. La tentation n’est-elle pas grande de faire le grand geste en direction des entraîneurs locaux, quand certains expatriés recrutés à grand frais, donnent des résultats médiocres et adoptent des comportements décevants et mercantiles ?
Mais sur ce continent, la maxime « nul n’est prophète en son pays » semble guider l’attitude du plus grand nombre à l’égard des entraîneurs locaux ; le recours systématique à l’expertise extérieure a encore de beaux jours devant lui. Toutefois, le succès et l’exemple de l’Egyptien Shehata semblent avoir bousculé bien des certitudes. Une nouvelle expérience avec les entraîneurs locaux pourrait se dessiner à la tête des sélections nationales. Mais, car il y a bien un mais, ceux-ci doivent bénéficier des mêmes conditions de travail que les expatriés. Et surtout traité avec autant de respect et de considération. Moins d’interventionnisme du politique et des tutelles administratives dans leur travail. Afin qu’ils assument pleinement leur bilan.
Alors, seulement, la réhabilitation des entraîneurs locaux s’amorcera lentement mais sûrement. Et finira par rallier même les plus réticents. Ni précipitation, ni renoncement. Le projet est ambitieux. Et les enjeux importants. Car il ne s’agit pas ici d’une ville opération d’africanisation des cadres au rabais. Ce dont il s’agit, c’est de donner au football africain, à travers les sélections nationales qui en constituent la vitrine, le levier de la rupture progressive de sa trop grande dépendance vis-à-vis de l’Europe. Un tel projet requiert lucidité et réalisme. Sans passion ni émotion. Même si, pour paraphraser le Président Senghor, l’émotion serait africaine et la science hellène.
 
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