Whitney Tié : « Je vise les mondiaux Indoor et outdoor 2025 »
Whitney Tié : « Je vise les mondiaux Indoor et outdoor 2025 »
Née en France dans le département 92 de parents ivoiriens (père Gouro de Zuénoula et mère Gouro de Daloa), Whitney Joséphine Tié (25 ans) a démarré l’athlétisme à 6 ans. Dans l’antichambre depuis plusieurs années et annoncée à maintes reprises, c’est finalement en 2024 aux Bahamas que la championne de France U23 en 21 basée en Region Parisienne arbore la tunique orange, blanc et vert en tant que remplaçante avec l’équipe de Relais 4×100 féminin. Dans cette interview exclusive, la digne reine du pays Gouro présente aux JO Paris 2024 évoque son parcours, sa saison 2023-2024, sa préparation pour le nouvel exercice ainsi que ses ambitions en club et en équipe nationale.
Les ivoiriens vous découvrent à peine. Que doivent-ils savoir de votre carrière ?
Je fais de l’athlétisme depuis l’âge de 6 ans. Je fais du sprint et plus particulièrement le 100m depuis l’entame de ma carrière. J’ai commencé à Bezons, une petite ville du département 95 puis en 2012 j’ai rejoint le club de Saint Denis Emotion. Ça fait donc 12 ans que je cours sous les couleurs de ce club.
Quelle longévité !
Oui je le reconnais. Saint Denis Émotion est devenue comme une deuxième famille. Je m’y sens si bien. Je n’aime pas changer pour changer. Je change pour franchir un nouveau cap et attaquer de nouveaux défis. La belle illustration c’est avec mes coachs. J’ai longtemps été coachée par Alioune Ndiaye. C’est seulement en septembre 2024 que j’ai changé d’entraineur. Le nouveau se nomme Elliot Draper. Imaginez un peu le nombre d’années que j’ai passé avec mon premier coach.
Quels sont vos faits d’armes en termes de sacres ?
J’ai été championne de France du 100m U23 en 2021 et mon record sur 100m est 11’59 secondes.
Quel bilan faites-vous de votre saison ?
Cette saison a été assez compliquée pour moi car depuis janvier 2024 une blessure (pubalgie) m’a ralenti dans ma préparation et les compétitions. Les performances n’étaient pas au rendez-vous donc j’ai longtemps douté, cogité jusqu’au moment de la sélection des jeux olympiques 2024.
Il y a d’abord eu la qualification pour les JO au Bahamas. Comment l’avez-vous vécue ?
La qualification a été forte en émotion car dès le départ nous étions confiantes. Il n’y avait aucune raison que nous ne rentrions pas avec le ticket pour les jeux et malheureusement le premier tour de qualification ne s’est pas passé comme prévu donc il y a eu un coup de stress. Mais le lendemain dès que les membres de mon équipe ont franchi la ligne et obtenu le ticket, j’étais fière et hyper contente. Surtout que c’est la première équipe ivoirienne qui se qualifie officiellement aux jeux olympiques et en faire partie est pour moi extraordinaire.
Puis arrivent les JO Paris 2024 à Paris en France. Et c’était chez vous, pour vos premiers jeux olympiques. Quelles émotions ?
Les jeux de Paris ont été une double fierté pour moi parce que dans un premier temps, je me qualifie avec mon pays d’origine, et deuxièmement les jeux se sont déroulés sur ma piste d’entrainement que je pratiquais au quotidien depuis 12 ans maintenant. Je veux parler du stade de Saint Denis de Paris. Pour moi c’était comme une magie qui s’opérait.
Hélas, le relais 4×100 ne se passera pas comme souhaité. Avec du recul aujourd’hui, dites-nous comment avez-vous vécu cette désillusion ?
Ça n’a pas été facile car même si je ne faisais pas partie des titulaires je ressentais le stress et la pression qui pesait sur notre équipe. Car nous étions évidemment une équipe qui méritait largement le podium olympique avec le record d’Afrique et la 8e performance mondiale de tous les temps. La disqualification a été difficile à accepter dès lors que j’ai réalisé que notre équipe passait, au temps (chrono), en finale. Malheureusement cela fait partie du jeu. Les règles sont les mêmes pour tous. Et nous avons la mort dans l’âme accepté cette décision aussi dure.
Dorénavant, vous savez qu’il y a de la place à prendre après la retraite internationale de vos aînées Muriel Ahouré-Demps et Ta Lou-Smith. Vous en avez conscience ?
Oui, j’en ai conscience et mon objectif est aussi d’avoir ma propre carrière, mon propre nom dans l’histoire que nos deux grandes sœurs n’ont cessé d’écrire depuis toute ces années avec de si belles lettres.
La saine concurrence avec les nouveaux talents en Côte-d’Ivoire et ailleurs ne vous effraie-t-elle pas ?
Non, pas du tout. C’est en partie grâce à la concurrence qu’on se construit et que nous pouvons améliorer notre niveau. Bien au contraire ça donne piment au challenge. Tous les talents ivoiriens où qu’ils soient pourront s’exprimer avec les mêmes chances et permettre à l’athlétisme ivoirien de briller partout sur le globe terrestre. Et cela me réjouit au plus haut point.
Avez-vous démarré la préparation ?
Oui ! À peine les jeux olympiques achevés, je me suis mise au boulot avec mon coach.
Comment se passe-t-elle ?
Je reprends doucement, je suis encore en train de me réparer petit à petit.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Comme énoncé plus haut, je soigne mes bobos physiques pour reprendre la course avec une forme optimale.
Quels sont vos défis cette saison en club ?
Si la forme me permet de faire une saison hivernale, je me donnerai comme défi de battre mon record sur 60m.Pour la saison estivale, le défi est bien évidemment d’être sur la boîte nationale pour faire briller mon maillot bleu de Saint Denis Émotion.
Quels sont vos objectifs avec l’équipe nationale ?
Avec l’équipe nationale, les objectifs sont de rentrer en lice sur les différentes sélections en individuel, les championnats du monde indoor en mars 2025 sur 60m puis les championnats du monde outdoor en septembre 2025 sur 100m. L’objectif pour le relais reste le même : monter sur le podium mondial.
Après ces JO, est-ce que vous vous dites qu’il est grand temps de franchir un palier cette saison ?
Bien sûr ! je dois bien évidemment m’aligner en individuel en améliorant mes performances sur 100m.
Les ivoiriens peuvent-ils compter sur vous pour assurer dignement la relève avec vos sœurs ?
Je suis quoi qu’il en soit motivé pour cette prochaine olympiade (Los Angeles 2028) et je me souhaite en tout premier lieu une forme physique quasi parfaite pour pouvoir répondre présente lors de tous les grands rendez-vous à venir.
Source : Abidjanpress
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