Comme les attaquants, la Côte d'Ivoire a connu de grands défenseurs dont la dernière race repose dans les germes de Kolo Touré, Zoro Marc, Méité Abdoulaye, Boka Arthur que les clubs du vieux continent s'arrachent à coup de millions d'euros. Parmi ces noms les plus connus de la Côte d'Ivoire se glisse Bamba Souleymane, un nouveau, presque un intrus.
Et pourtant cet inconnu de la masse ivoirienne, la France du football ne jurait que par lui pour succéder à l'arrière garde française qui ne manquait pas de noms. Né à Paris en janvier 1985, Bamba Souleymane fait toutes ses classes en Europe, d’où l’anonymat dont il flanqué aux yeux des Ivoiriens. Dès ses 8 ans, s'amourache du ballon rond par le canal de son grand frère Yaya Souleymane qui évoluait à Paris Onze. Athlétique, Bamba, à 11 ans, ne fait pas son âge aux yeux des dirigeants du Paris FC qui le font jouer avec les moins de 13 ans.
"Je n'avais que 11 ans mais mes coachs ont décidé de me faire jouer un cran au dessus à cause de mes dispositions athlétiques", affirme le défenseur ivoirien. Dans le meilleur club de la région parisienne, "Bambino" fait parler de lui et surtout au cours des différents tournois où il s'affiche comme la grande muraille. Le PSG, séduit, décide, à 14 ans, de l'inscrire dans ses rangs lors de la saison 1999-2000. Et là où l'AS Monaco, l'AJ Auxerre et le RC Lens tentaient de se l'adjuger, Bamba accepte avec l'accord de ses parents de porter la tunique du PSG, le club de son coeur d'enfant.
L'évolution du jeune ivoirien est rapide et spectaculaire. La presse française parle même de la future star de la défense parisienne et de celle de l'équipe de France. Des échos qui traversent la seine jusqu'en zone transalpine où la Juventus l'attend. La vieille dame ne l'aura que pour 7 mois et juste pour des entraînements car le PSG, malgré quelques différends avec Bamba, n'était pas prêt à laisser filer sa perle.
"La juve était bien intéressée par mon profil. Les dirigeants m'auraient fait signer mais le PSG n'a pas accepté de me laisser partir". Si le séjour chez les Bianconneris fut bref, les enseignements furent de grandes portées pour le jeune de 16 ans qui attend patiemment son heure avant de signer pro avec le club de la capitale française.
Ses premières foulées en Ligue 1, il les connaît le 27 novembre 2004 au stade du Ray  de Nice sous l'ère Vahid Halilhodzic. "Alors que je devais entrer plutôt que prévu, Coach Vahid m'a fait jouer 10 minutes car il y avait un changement de dernière minute", se souvient "Solo". Ce jour là, le PSG avait accroché le Gym (1-1), Bamba, lui, était entré à la place de Stéphane Pichot. Ensuite, il fait le Chelsea-PSG du banc de Stamford Bridge. Mais le limogeage de Vahid Halilhodzic n'est pas bénéfique au défenseur ivoirien qui n'entre pas dans les plans de Laurent Fournier, le successeur du stratège bosniaque.
Mais ceux de Michel Troin lui ouvrent grandement les bras. Car après avoir participé à la fabuleuse aventure du mondial junior en 2003 avec le regretté Mama Ouattara, Bamba Souleymane reste dans le listing du staff des Eléphanteaux comme l'avenir d'une défense plus rugueuse. Et même si la CAN junior 2005 fût une amère expérience avec des Eléphanteaux éliminés dès le premier tour, Bamba est fiers d'avoir vêtu la tunique nationale. "C'est vrai que j'aurai pu jouer avec l'équipe de France mais évoluer pour la Côte d'Ivoire a été un grand plaisir. Et ça le sera toujours pour moi".
Surtout maintenant où il fait partie des footballeurs ivoiriens qui ont inscrit pour la première fois le nom de la Côte d'Ivoire sur les tablettes des Jeux Olympiques. "Ce n'était pas évident mais nous l'avons réussi en groupe en pensant au peuple ivoirien. Je suis fiers de faire partie de ce groupe". Une fierté plus grande à l'heure de connaître sa première sélection avec l'équipe A des Eléphants de Côte d'Ivoire.
Comme ses premiers pas avec le PSG, ceux avec les Eléphants se font sous l'ère Vahid. "Il me connaît bien mais je pense que se sont mes qualités qui font que je suis là et non pas nos liens antérieurs", déclare l'homme du match de la coupe d'Ecosse perdu par Dunfermline, son club actuel face au Celtic de Glasgow. "J’aurai préféré remporter cette rencontre que de recevoir ce titre de meilleur joueur".
Une soif de titres qui pourrait le mener vers des clubs plus huppés. "J'ai des contacts avec des clubs italiens et anglais" mais Bamba pourrait rester en Ecosse et évoluer ou au Glasgow Rangers ou au Celtic de Glasgow qui ont fait de lui une priorité. Sur ce sujet Bamba reste pourtant peu bavard. Et l'on sait pourquoi, en cette période de grandes spéculations.
La grande convoitise de plusieurs clubs européens ne fait pas perdre de vue à Bamba Souleymane le grand rendez-vous des Jeux Olympiques d'août prochain à Pékin. Car si son point de chute pour la saison prochaine le préoccupe, Il veut également  se concentrer sur les J.O 2008 où il entend, avec ses copains,  "aller au bout et pourquoi pas prétendre au podium. Nous en avons les qualités. Il suffit d'y croire et de se donner les moyens d'y arriver". Au plan défensif, le "Sol Campbell" de la Séléphanto Olympique a tous les moyens pour contrer l'Argentine, la Serbie et l'Australie qui partagent avec la Côte d'Ivoire la poule A des J.O de Pékin.
Avec l'annonce des renforts où figurent avec Didier Drogba,  Zokora Didier et Kolo Touré, la place de titulaire de Bamba danssemble être bien menacée surtout par le défenseur d'Arsenal. "Je ne crains pas la concurrence. C'est plutôt bien de créer cette sorte de compétition au sein de la sélection car ça permet de se surpasser pour donner le meilleur de soi. Je ne crains ni personne ni la concurrence tant qu'elle est saine, il n'y a pas de problème". L'on comprend aisément que pour se faire une place dans la défense centrale droite de Gérard Gili il faudra passer outre la muraille de Dunfermline.
Patrick GUITEY