A un mois du terme d’une saison que lui et les Blues peuvent encore embellir d’un doublé historique Premier League- Ligue des champions, après des moments particulièrement pénibles en coulisses et sur le terrain, le jeune prodige fait le tour de sa saison. Ses performances, son avenir avec Chelsea, sa participation à la CAN 2008, le prix Sport- Ivoire du meilleur footballeur ivoirien, l’ancien Académicien ne s’est pas dérobé.
Kalunho, pensez- vous qu’après son match nul (1-1) contre Wigan, Chelsea a définitivement perdu toute chance de doubler Manchester United dans la course au titre ?C’est vrai qu’on avait l’opportunité de rester collé à leur roue si on gagnait cette rencontre. Ça va être maintenant assez compliqué après le nul. Mais nous gardons espoir. Il reste encore quatre journées. Tout reste possible et tout peut arriver. Nous pouvons les dépasser avant la fin du championnat, comme nous pouvons ne pas les doubler. Cependant, nous restons motivés. De toute façon, on n’a plus rien à perdre.
Surtout que vous accusiez beaucoup de retard lors de la manche aller ?Effectivement. En début de saison, on a eu beaucoup de difficultés. Tant sur le terrain qu’en dehors. Les résultats n’étaient pas au rendez- vous. On n’a pas toujours été très bon. Ce qui a fait qu’on a été décroché à un moment donné pour les premiers rôles. Mais, on est bien revenu au moment même où les gens ne croyaient plus en nous. Je dirai que notre rang actuel relève aux yeux de certains du miracle.
N’avez- vous jamais douté pendant ces périodes difficiles ?On n’a pas douté. On a continué de travailler en silence. Aujourd’hui, même si on n’est pas premier, on récolte les fruits de notre abnégation, de notre souffrance. Je le dis une fois encore, beaucoup de personnes ne nous attendaient pas à ce niveau après tout ce que nous avons vécu.
Personnellement, vous avez été affecté par le départ de José Mourinho comme l’a été par exemple Didier Drogba?Forcément que j’ai été touché. C’est lui qui m’a fait venir à Chelsea. Il avait beaucoup de confiance en moi. Avec lui, j’ai beaucoup appris et j’ai énormément bonifié mon jeu. Le coach Mourinho m’a fait prendre conscience de ce que je pouvais réaliser sur un terrain. Il a cette capacité de te donner une mentalité de guerrier. Pour lui, seule la victoire compte. Franchement, j’aurai aimé qu’il reste au club tant il a donné aux Blues ces dernières années.
Entre le titre de champion d’Angleterre et celui de la Ligue des champions, votre préférence va auquel ?Difficile de faire un choix. J’aimerais être champion d’Angleterre parce que je n’ai jamais connu ce bonheur. En même temps, remporter la Ligue des champions sera aussi extraordinaire. C’est la plus prestigieuse des compétitions européennes quand même ! Bon, je dirai que j’aimerais remporter les deux titres. Je ne peux pas faire un choix.
Quel jugement pouvez- vous porter sur votre troisième saison à Chelsea ?Je dirai que je me sens plus bien cette saison. Je suis en confiance. J’ai acquis une place de titulaire dans l’équipe alors que cela n’était pas évident vu le nombre de joueurs qui sont arrivés au club en début de saison. Mon bilan est honorable. J’ai disputé 23 matches de championnat en tant que titulaire ; et j’ai marqué sept buts. C’est mon meilleur record sur une saison depuis mon arrivée au club.
Justement, le recrutement de Florent Malouda à l’intersaison, vous l’avez considérez comme une menace ?Pas spécialement l’arrivée de Florent (Malouda). Chaque joueur de l’effectif de Chelsea est une menace pour l’autre tant chacun présente des qualités indéniables. Mais je me suis toujours occupé de moi-même. Si je fais correctement ce qu’on me demande, je n’ai pas de raison d’avoir peur pour ma place.
Avez- vous rencontré des problèmes d’intégration ?Pas particulièrement. J’ai été bien accueilli par les Francophones et tous les autres membres de l’équipe. J’ai également eu la chance de bénéficier de la présence de Didier Drogba. Il m’a rendu de nombreux services.
On ne vous a cependant pas vite reconnu au niveau du jeu…C’est normal. A Feyenoord, j’étais la grande star. Je jouais en pointe et je bénéficiais de beaucoup de liberté sur le terrain. A Chelsea, cela n’a pas été le cas. J’étais désormais au centre d’une multitude de stars et je suis confiné sur un côté. Cette position n’est pas forcement la meilleure pour moi. Mais, aujourd’hui ça va. J’ai retrouvé mes repères.
En quoi le Salomon Kalou de Feyenoord a- t- il changé par rapport au Kalou qu’il nous est donné de voir chez les Blues ?Maintenant, je suis plus mature dans mon jeu. Mon sens tactique s’est aussi développé. Aux Pays- Bas, j’affectionnais les raids solitaires que je concluais par des buts. Ce n’est plus le cas. Désormais, je joue juste même si j’adore dribbler. Mais il faut dire qu’en Angleterre ce n’est pas du tout aisé de passer toute une défense en revue. Les défenseurs sont plus virils et le jeu beaucoup plus musclé.
Justement, ne pensez- vous pas que le championnat anglais n’est pas fait pour vous ?Pourquoi ? Je peux bien imposer mon style de jeu en Angleterre. D’ailleurs, les choses commencent à venir. Mais je dois reconnaître que mon profil irait bien au championnat espagnol par exemple.
Cela vous donne- t- il des idées de rejoindre la Liga espagnole ?Le jeu en Espagne est très technique. Les joueurs de notre profil s’éclatent là- bas. Un jour, j’aimerais bien connaître ce championnat.
Dans quel club ?J’aime bien les deux grands espagnols que sont le Real Madrid et le FC Barcelone.
Pourtant, c’est l’Inter de Milan qui semble s’intéresser à vous…J’ai appris cela par voie de presse. J’ai aussi lu les propos du président de l’Inter à mon sujet. J’en suis flatté. Mais pour l’instant, mon départ de Chelsea n’est pas à l’ordre de jour.
Deux mois après la CAN 2008, quel sentiment remonte en vous quand vous pensez à la campagne ghanéenne ?J’ai un goût amer de notre parcours au Ghana. Ça a été une symphonie inachevée. On avait vraiment les moyens de remporter cette CAN 2008. Dommage qu’on ne soit pas allé jusqu’au bout.
A un plan personnel, quel bilan pouvez- vous dresser de votre participation à une CAN?Je dirai que j’ai disputé une bonne CAN. Au-delà des trois buts que j’ai pu inscrire, je pense honnêtement avoir tiré mon épingle du jeu. Cela n’était pas évident vu que j’étais à ma première participation à cette prestigieuse compétition.
Vous serez à Pékin avec les Espoirs pour les Jeux olympiques ?Mais ce n’est pas moi le sélectionneur national ! C’est vrai que j’ai donné un coup de main à l’équipe contre la Zambie, mais cela n’assure pas de facto ma place pour les Jeux Olympiques.
Je précise ma question, aimerez- vous être de l’aventure olympique avec les Espoirs ?Pour le moment, je n’en sais pas trop. Je ferai le point à la fin de la saison. Je dois cependant reconnaître que cela devrait être une aventure formidable. Surtout que ce sera la première expérience ivoirienne à cette compétition. J’aimerais, pourquoi pas, entré dans la légende ivoirienne en faisant partie des Ivoiriens qui ont disputé le premier tournoi Olympique de la Côte d’Ivoire.
Le jeu Sport- Ivoire du meilleur footballeur ivoirien de l’année a été lancé. Espérez- vous succéder à votre coéquipier et aîné Didier Drogba, vainqueur de l’édition précédente ?Bien sûr que oui. Comme vous me l’avez expliqué, c’est une distinction décernée après le vote des internautes et des journalistes. Cela veut dire qu’elle est crédible. Ce n’est pas un prix hypocrite comme on en voit souvent. C’est la reconnaissance du milieu à notre travail, à notre valeur. Etre apprécié par le public est très important. Donc, je serai vraiment heureux d’être sacré meilleur footballeur ivoirien de l’année.
Votre saison vous invite – t- il à l’espoir ?Vu tout ce que j’ai réalisé cette saison, j’estime honnêtement que je peux remporter le titre Sport- ivoire du meilleur footballeur ivoirien. Je dirai que je pars avec beaucoup de chances.
Que pensez- vous de ce prix qui est à sa troisième édition ?Je pense le plus grand bien du prix ; même si je n’ai pas encore eu la chance de le remporter. C’est une très bonne idée que les patrons de Sport- ivoire. ci ont eu là. Nous, cela peut nous aider à nous surpasser sur le terrain. Ça nous amène à donner le meilleur de nous même. Maintenant, j’ai donné le meilleur de moi-même alors, donnez- moi le titre (rires).

Réalisée par JOACHIM Tiégna