Recruté au KSK Beveren en début de saison, le jeune international est l’une des belles surprises du championnat français. Sa vivacité, ses dribbles et son talent irrésistible ont apporté un vent de fraîcheur sur l’élite hexagonale. A un petit mois du terme de la saison, le feu follet manceau revient sur son ascension inattendue, sa prochaine destination et ses ambitions pour les Jeux Olympiques de Pékin. Ambitieux insatiable, il lorgne aussi avec gourmandise le prix Sport- Ivoire du meilleur joueur ivoirien.
Gervinho, quelles sont les raisons de ton absence sur les terrains ces derniers temps ?
Cela est dû à la blessure que je traînais à la cheville. J’avais contracté cette blessure au cours d’un match de championnat. Cela a été plus grave qu’on en l’avait imaginé. Mais, là, ça va maintenant. J’ai repris les entraînements.
En quittant Beveren pour Le Mans, pensez- vous à vous imposer aussi rapidement?
A vrai dire, non. Je dois reconnaître que tout est allé assez rapidement pour moi. Même si j’avais foi en moi, je ne m’imaginais pas avoir aussi rapidement une place de titulaire. D’autant plus que l’équipe foisonnait de bons joueurs. En plus, ce n’était pas évident pour moi puisque le niveau du championnat français est beaucoup plus élevé que celui de la Belgique. Je vis un rêve. Les choses sont allés au- delà de mes espérances. Je suis fier de moi.
Est- ce que cela a été facile pour vous de vous faire rapidement une place de titulaire?
Non. Parce que je passais d'un autre poste à un autre et d’un autre championnat à un autre. J’ai beaucoup travaillé pour en arriver là. J’ai réalisé beaucoup d’efforts pour améliorer plusieurs détails dans ma façon de jouer. Ça a été vraiment difficile, mais mon abnégation a fini par payer. Seul le travail paie. Si je suis aujourd’hui reconnu en France, je le dois avant tout au travail que j’ai effectué et à mon envie de percer.
Comment s'est passée concrètement votre intégration?
Là aussi les choses n’ont pas été aussi faciles. J’arrivais dans un nouveau groupe. Mais la présence de plusieurs Africains dans l’équipe m’a quelque peu facilité la tâche. De toute façon, c’était à moi de faire des efforts pour m’intégrer et m’habituer aux habitudes du groupe. Et non le contraire.
N'avez- vous pas eu peur en quittant Beveren pour un club plus grand qu’est Le Mans?
Non pas du tout. Il faut savoir se mettre en difficulté. Quand on est ambitieux, il faut toujours visé plus haut. Il faut aussi souvent prendre des risques. Du moment où Beveren était relégué en Ligue 2, il n’était plus question pour moi de rester. Mais, je voulais surtout aller dans un club qui pouvait m’accorder plus de temps de jeu. Je savais que Le Mans faisait beaucoup confiance aux jeunes. Alors, quand j’ai su que les dirigeants me voulaient vraiment, je n’ai pas hésité. Avec ce que je vis, je pense que je n’ai pas fait le mauvais choix.
Vous êtes l’une des belles surprises de cette édition 2007- 2008 de la Ligue 1. Quel sentiment vous anime avec la belle saison que vous réalisez pour votre première expérience dans l’élite hexagonale ?
Evidemment, je suis content. Je suis heureux que les choses se passent le mieux pour moi. Comme je l’ai dit, je m’attendais à une telle réussite. Mais, je ne dors pas sur mes lauriers et les commentaires élogieux que soulèvent mes prestations. Je pense que je peux faire plus.
Quelles sont vos ambitions avec votre club en cette fin de ?
On veut finir parmi les cinq premiers. On n’en est pas trop loin. Si on parvient à le faire, on devrait être Européen la saison prcohaine. L’Europe serai une bonne lucarne pour le club et les joueurs que nous sommes. Et puis, au vu de ce que nous avons réalisé cette saison, j’estime que nous méritons largement de finir à une place d’Européen. C’est pour vous dire que je m’inscris dans les ambitions de l’ensemble de l’équipe.
Deux mois après votre première participation à la CAN, quel souvenir gardez- vous de cette prestigieuse compétition?
Je garde un très bon souvenir de cette compétition. Ça été un réel plaisir pour moi. Même si on a mal terminé le tournoi, cela a été pour moi une formidable expérience humaine st sportive pour moi. Participé à une CAN à cet âge, c'est extraordinaire. Surtout que je ne m’y attendais pas.
Pensez- vous qu'on ne vous a pas trop accordé votre chance au Ghana ?
Déjà, le fait d'avoir été dans le groupe fut un bonheur. Je l’ai dit, je ne croyais pas être de l’aventure. Le fait d’être parmi les 23 est déjà une chance et un bonheur que j’ai dégusté à sa juste valeur. C’est vrai que pour un gars ambitieux comme moi, j'aurai voulu avoir un peu plus de temps de jeu. Après il y a le coach qui fait ses choix aussi. Le plus important c’est que j’ai beaucoup appris avec les grands frères.
Justement, quels enseignements avez- vous tiré de cette aventure africaine ?
J’ai beaucoup appris auprès de mes aînés qui évoluent tous de grands clubs. J’ai pu profiter de leurs méthodes de travail, de leur expérience, de leur manière de préparer un match, de leur façon d’aborder un match de haut niveau. En tout cas, ça a été tout bénéfique pour moi. C’est à travers ce genre de grande compétition qu’on se bâti une carrière et une carapace de grand joueur. Je suis ressorti de cette CAN avec beaucoup de bons enseignements pour la suite de ma carrière.
Vous êtes le capitaine des Espoirs ivoiriens qui prendront part aux Jeux Olympiques, quelles seront vos ambitions à cette compétition?
Le plus important serait de faire déjà une bonne compétition. On aimerait aller le plus loin possible. On prendra les matches les uns après les autres. Pour une première pour le pays, ce sera très bien qu’on réalise un beau parcours.
Quelle importance revêt cette compétition à vos yeux?
Les Jeux Olympiques sont les Jeux Olympiques. C’est vous dire que j’accorde une importance de premier ordre à cette compétition. On sait que le Nigeria et le Cameroun, deux pays africains, l’ont déjà remporté. Si on pouvait imiter leur performance, ce serait formidable.
Rêvez- vous de remporter la médaille d'or?
Pourquoi pas. C'est notre objectif et je pense qu'on va l’atteindre si on est volontaire et avec le soutien de tous les Ivoiriens.
Comment jugez- vous la poule de la Côte d’Ivoire ?
Avec l’Argentine et la Serbie, elle ressemble étrangement à celle du Mondial 2006. Ça ne sera pas facile. Mais c’est à nous de travailler et d’en vouloir plus afin de sortir vivant de cette nouvelle poule de la mort (rires).
Voyez- vous d'un bon oeil que des joueurs comme Drogba ou Akalé Kanga renforcent l'équipe en sachant que cela va provoquer la mise à l'écart de certains de vos camarades qui ont participé aux éliminatoires ?
Ce sera une bonne décision déjà que l'un d'entre eux vienne renforcer le groupe. C'est une grande compétition donc, on a besoin de quelques joueurs beaucoup plus expérimenté pour nous conduire, nous guider. C’est vrai que ça sera aussi frustrant de laisser sur le carreau l’un d'entre nous. Mais, celui qui a le dernier mot c'est bien le coach. Il constituera la sélection en fonction de ses besoins et de ses attentes.
Ceci étant, accepterez- vous de rester sur le banc?
Pourquoi pas. Si cela devait arriver, cela ne me gênerait pas.Vous êtes beaucoup convoité en cette fin de saison par des clubs comme Marseille, PSG..., quitterez- vous Le Mans?
Pour l'instant tout va bien. Je ne pense donc pas à un départ. Je me sens bien au Mans. Vous êtes nominé au prix Sport- ivoire du meilleur joueur ivoirien, qu'est- ce que cela vous fait?
Je ne sais pas si c'est une blague mais, si c’est la vérité, je vous dis tout de suite que je suis très content et j’espère que je le remporterai. Ce sera mon premier trophée individuel.
Que pensez- vous de ce prix qui récompense les meilleurs joueurs ivoiriens?
C'est une bonne initiative. Cela prouve aussi que les Ivoiriens qui votent, nous suivent. C’est un projet à soutenir. Je remercie particulièrement les patrons de sport-ivoire.ci qui ont eu cette idée géniale.
Espérez- vous succéder à Drogba qui a gagné ce prix la saison dernière et à qui l’on vous compare déjà?
Didier est un exemple à suivre. Si je pouvais lui succédé au palmarès du prix Sport- Ivoire, je m’en réjouirai. Je compte avoir dans l'avenir tout qu'il a eu comme trophées, titres individuels et plus que ça aussi.
Interview réalisée par JOACHIM TIEGNA