En novembre 2024, le programme Fighters NextGen a été lancé à Abidjan. Porté par Abidjan Basket Club Fighters (ABC Fighters), il accompagne une trentaine de jeunes filles, âgées de 16 à 23 ans, en leur proposant un encadrement sportif rigoureux couplé à des modules de leadership, de gestion financière, de nutrition et de santé mentale. D'ici à fin 2025, l'objectif est d'étendre ce programme à plus de 400 filles dans plusieurs communes du Grand Abidjan.

Le programme adopte une approche systémique, intégrant aussi la réhabilitation d'infrastructures sportives pour bénéficier à un public plus large. Il incarne un modèle d'émancipation par le sport, en touchant non seulement les bénéficiaires directes, mais également leur environnement social.

Un partenariat qui fait sens

Pour que ce type d’initiative dépasse le stade du projet pilote et devienne un levier de transformation durable, l’implication d’acteurs diversifiés est indispensable. Institutions, clubs sportifs, encadreurs locaux… mais aussi entreprises, dont le rôle devient de plus en plus central dans l’innovation sociale.

C’est dans cette dynamique que s’inscrit Yango, entreprise technologique spécialisée, entre autres, dans la mobilité urbaine, qui a choisi de s’associer au programme Fighters NextGen. Ce partenariat s’inscrit dans une volonté partagée de faire du sport un levier d’inclusion et d’autonomisation, en apportant des ressources, un soutien technique et un engagement local durable.

En Côte d'Ivoire, l'éducation des filles demeure un défi majeur malgré les progrès significatifs enregistrés ces dernières années. En 2021, le taux d’achèvement du primaire atteignait 83,7 %, et celui du premier cycle du secondaire 60,7 %. Pourtant, des écarts subsistent : selon l’UNESCO, on compte environ 72 filles scolarisées pour 100 garçons à l’échelle nationale. Ce déséquilibre se traduit souvent par un déficit de confiance en soi, un isolement social et la persistance de stéréotypes de genre qui freinent l’épanouissement des jeunes femmes.

Face à cette réalité persistante, le sport s’impose comme un levier puissant de transformation. Au-delà de sa dimension ludique, il devient une véritable école de la vie. Il favorise la confiance en soi, le leadership, la persévérance, l'esprit d'équipe, et une présence active dans l'espace public. Ces compétences sont directement transposables à l'école, dans la vie professionnelle et citoyenne. Comme le rappelle ONU Femmes, le sport enseigne l'autonomie, la résilience, le travail d'équipe et la responsabilité

Une opportunité historique de changement

L'organisation de l'Afrobasket féminin 2025 à Abidjan, du 26 juillet au 3 août, représente une première historique pour la Côte d'Ivoire. Au-delà de l'exploit sportif, c'est une chance unique de valoriser le sport féminin comme vecteur de réussite et d'inspiration pour des milliers de jeunes filles.

Dans une interview accordée à un média local en mars 2025, Moussa Diarra, président de la Fédération Ivoirienne de Basketball, a exprimé une ambition claire : construire une équipe compétitive capable de monter sur le podium. Au-delà du résultat sportif, il s'agit, selon lui, d'offrir aux jeunes filles ivoiriennes des figures d'excellence et des sources d'inspiration concrètes.

La convergence entre ambition sportive, volonté politique, engagement des acteurs privés et mobilisations citoyennes dessine les contours d'un véritable modèle ivoirien d'émancipation par le sport.

Chamade YAH