Il semblait englouti par le retour à la barre de Jean Marc Yacé, président élu de la Fédération Ivoirienne de Taekwondo (FITKD). Mais, à la suite de l'assemblée générale ordinaire du 2 février 2025 dont le bilan financier fut invalidé par le commissaire au compte, Me Ali Diomandé, à la tête de 175 membres statutaires, contestataires de la gestion de l'administration Yacé, est remonté au créneau.

Au-delà des reproches initiaux faits à la gestion de Jean Marc Yacé, c'est le rôle jugé trouble, du Ministère délégué en charge des Sports et du Cadre de Vie, qui a été souligné. En effet, si le Ministère annonçait, le 1er décembre 2024, la mise en place d’un comité de veille avec pour mission de faire respecter les règles de bonne gouvernance au sein de la FITKD, le Comité directeur de transition de la fédération Ivoirienne surligne une confusion.

« Le Ministère de tutelle qui affirme agir en vertu des recommandations de l’African Taekwondo Union n’a jamais rendu publique les décisions de cette dernière. Il est fait cas par le Ministère des recommandations de l’AFTU dont nous n’avons jusque-là pas la teneur. La tutelle crée au sein d’une fédération un comité de pilotage, ce qui pour nous est incompréhensible. Le représentant du Ministre est sous les ordres du président du comité de pilotage qui est sous les ordres du Président Jean Marc Yacé » a déclaré Me Ali Diomandé, le samedi 8 février 2025 face à la presse.

Ainsi, si une sortie de crise demeure jusque-là une gageure, Me Ali Diomandé en tient la tutelle pour responsable. La preuve par des échanges entre M. Serge Alain Ayékoé, directeur des sports de haut niveau, et M. Balla Dieye, secrétaire général de l'Union Africaine de Taekwondo (AFTU). « M. Serge Alain Ayékoé, le Directeur des sports de haut niveau, a envoyé à M. Balla Dieye, le Secrétaire général de l’AFTU. Sans s’en rendre compte, il m’a mis en copie. (...) Et j’ai tenu à tirer ce mail pour vous le montrer et vous prendre à témoin du parti pris flagrant de notre tutelle dans la crise qui secoue la Fédération ivoirienne de taekwondo », a révélé Me Ali Diomandé.

Dans ce mail, M. Ayékoé semblait très explicite sur la stratégie à adopter pour mettre la contestation au taekwondo ivoirien, aux oubliettes. « Bonsoir SG. Je viens de lire votre message. Le Dr Ali est cerné sur lui-même. Ne prenez pas à la lettre ses posts. Ici, la stratégie est de l’ignorer proprement et ça marche. Donc, ne gaspillez pas trop d’énergie à répondre à un dirigeant qui se trompe de combat. Cordialement. Dr Ayékoé », indique le bref mail brandi par Me Ali Diomandé.

“Ne pas tomber dans l’escalade“, pour le Ministère, la crise est derrière

Le mise en cause, joint par téléphone a réagi s’inscrivant dans la préservation de l’intérêt général du taekwondo ivoirien. « J’ai reçu un message du secrétaire général de l’AFTU, qui était un message personnel, auquel j’ai répondu en disant voici ce qu’il faut faire au lieu de répondre. Ce n’est pas une conférence de presse que j’ai fait, c’est un conseil que j’ai donné à celui qui m’avait envoyé une préoccupation par rapport aux différentes interventions de M. Diomandé Ali. Je ne sais pas comment cet échange qui vise à ne pas tomber dans l’escalade peut constituer une preuve de quoi que ce soit. Nous nous inscrivons dans l’intérêt général, si des personnes s’inscrivent dans un intérêt autre, ce n’est pas la peine de répondre. Aujourd’hui, sachant le potentiel du Taekwondo, connaissant les échéances à venir et tout ce que le taekwondo peut rapporter, c’est l’intérêt général qui doit primer sur l’intérêt particulier. Ainsi, on ne peut pas passer tout le temps à répondre aux souhaits des uns et des autres, c’est pourquoi j’ai dit ce que j’ai dit à M. Balla pour qu’on puisse se concentrer sur l’essentiel », nous a-t-il confié.

En outre, et alors que la contestation récuse les décisions de l’AFTU, le Ministère délégué en charge des Sports et du Cadre de Vie les tient comme boussole de ses actions et réaffirme que pour lui, la crise du taekwondo est derrière. « Il s’agit d’une crise entre deux parties qui se sont tournées vers le Ministère. Et le Ministère a décidé de se tourner vers les instances internationales de gestion de l’activité pour trouver une solution. C’est ce qu’on a fait en initiant des échanges. A l’issue des échanges, l’AFTU a mandaté des représentants qui ont sur place ont réuni un ensemble d’éléments qu’ils ont étudié avant de revenir donner un verdict sur lequel s’appuie le Ministère. A partir du moment où nous avons la décision et que le Ministère réalise un communiqué pour donner l’essence de la décision, pour nous, le problème est terminé », a conclu M. Ayékoé.

Pas certain que Me Ali Diomandé et les 175 membres statutaires, contestataires de la gestion de l'administration Yacé, soient sur la même longueur d’onde. Un langage de sourds dont nul ne connait l’épilogue.

Patrick GUITEY